Critiques

Jamiroquai

Automaton

  • EMI Records / Virgin Records
  • 2017
  • 57 minutes
7

Les débuts acid jazz/funk du groupe britannique Jamiroquai (jam + iroquois) que l’on retrouve sur l’excellent Emergency on Planet Earth (1993) démontrait dès leur premier album un talent fou pour le groove, la progression mélodique et les textes engagés (défenses des droits des Premières Nations). L’ajout progressif d’éléments R&B et soul allaient les propulser sur la scène internationale avec Travelling Without Moving (1996); il était tout simplement impossible de ne pas avoir entendu Virtual Insanity au moins une fois durant l’année suivante. Le virage vers le disco pop de Synkronized (1999) a supposément déçu plusieurs fans de la première heure, tandis que les nouveaux venus comme moi trouvaient la combinaison parfaite, du moins jusqu’à A Funk Odyssey (2001). Après ça, Jay Kay (alias Jason Luis Cheetham) a eu un trip soft rock sur Dynamite (2005) et un trip house sur Rock Dust Light Star (2010), deux albums plus exploratoires, qui se cherchaient un peu finalement. Sept ans plus tard, le groupe nous revient avec leur huitième album, Automaton, et un retour à ce qu’ils maîtrisent le mieux; du funk, du disco et du R&B revisités au goût du jour.

Shake It On fait vibrer le plancher de danse avec son beat 70s et ses éléments disco et funk. Le club s’illumine rendu au refrain chanté avec des voix féminines chorales et tout le monde qui bouge dans une chorégraphie synchronisée. L’arpège au clavier ouvre Automaton sur une base techno, la rythmique du couplet est incroyablement efficace, le refrain part ensuite en fusée comme un hymne pop, avec la grosse boule qui tourne au-dessus de la piste. Cloud 9 baisse la tension d’un cran avec du R&B rétro, genre Michael Jackson fin 70s; un bel hommage s’il en est un. Superfresh crée un superbe groove disco avec la basse rythmée à l’octave et la guitare jouée en contretemps.

Hot Property assure la suite sous forme de nu-disco et de funk, avec des sons de clavier en paillette et une mélodie enjouée. Something About You revient au R&B et à une atmosphère romantique 70s, avec jeans serrés et déhanchements prononcés. Summer Girl continue dans la veine disco, il fait chaud sur la promenade, paire de patin à roulettes vintage, lunettes soleil et brise océanique en sus. La basse électrique ouvre Nights Out In The Jungle accompagnée par les percussions, et mettent en place une rythmique funk irrésistible, ponctuée par Kay à la voix.

Dr. Buzz revient au disco de fin de soirée qu’on danse rapproché dans toute sa sensualité. We Can Do It détone un peu par sa simplicité, mais la performance est tout de même réussie. Vitamin combine un rythme rapide et précis comme base à une mélodie légère et vaporeuse, les percussions et le solo de cuivre intensifient la séquence jusqu’à la reprise du refrain. Carla conclut sur du disco rock répété en boucle, en faisant progresser les harmonies jusqu’au fade out traditionnel.

Automaton est de loin l’album le plus intéressant de Jamiroquai depuis A Funk Odyssey, et fait même de l’ombrage aux deux albums précédents. C’est une question de goûts évidemment, mais le groupe est probablement un des mieux placés sur la planète pour insuffler de la vie au disco, au funk et au R&B, et le fait de s’être éparpillé sur d’autres genres pendant deux albums commençaient à faire douter de cette notoriété. Nous sommes rassurés, Jamiroquai sait toujours comment nous faire danser, sans se casser la tête à vouloir tout réinventer.

Ma note: 7/10

Jamiroquai
Automaton
Virgin EMI
57 minutes

http://www.jamiroquai.com