Alvvays
Antisocialites
- Polyvinyl Records
- 2017
- 33 minutes
Alvvays revient avec Antisocialites, trois ans après le succès inattendu de son premier album. Malheureusement sur ce nouvel effort on assiste à une séance de brainstorm de 33 minutes durant laquelle les membres du groupe se demandent s’ils veulent être Slowdive, eux-mêmes ou un groupe générique d’indie-rock.
Sur la première moitié d’Antisocialites, on comprend certes que la bande de la jolie Molly Rankin a choisi son camp. En s’éloignant de son pop rock ensoleillé des débuts au profit d’un son plus vaporeux laissant davantage de place aux atmosphères synthétiques et aux strates de guitares, l’intention dream-pop est claire.
Mais ce virage ne se fait pas sans heurts. La candeur d’Alvvays ne colle pas à 100 % à une facture sonore ombragée comme celle qui fait la marque de Slowdive notamment. Ça fonctionne certainement sur In Undertow, pièce d’ouverture de l’album et probablement la meilleure chanson du groupe. Mais on s’ennuie beaucoup par la suite sur Dreams Tonite, Not My Baby et Your Type, pièces sur lesquelles on sent Alvvays essayer d’essayer des affaires. Le tout est livré par une Molly ennuyée, amorphe.
Et c’est à croire que les membres du groupe se sont rendu compte qu’ils piétinaient, car à la mi-parcours ils nous balancent Hey et Lolipop, deux chansons up tempo qui auraient pu se retrouver sur le premier album. Mais c’est de courte durée. Sur Already Gone qui suit, Molly gratouille paresseusement sa guitare en chantant sans conviction par dessus des strates d’instruments dissonants. A contrario sur Slomo, pièce qui ouvre le dernier Slowdive, il n’y a pas plus d’instruments, mais ceux-ci ont davantage d’amplitude ce qui crée un effet hypnotique de mélancolie. Bref, on comprend ce que veut faire Alvvays avec ses pièces dépouillées, mais il manque d’outils dans le coffre du groupe.
Parlant de limitation… la voix de Molly affiche de sérieuses lacunes sur Antisocialites. On ne peut pas dire que la chanteuse a le registre le plus vaste, mais on est tombé amoureux de sa voix grave et chaude qu’elle a utilisée jusqu’ici à l’intérieur de ses limites. Sur ce nouvel effort, elle tente la voix de tête à plusieurs reprises sans grand succès. En plus, le procédé n’amène rien d’intéressant à la mélodie. Pourquoi ne pas avoir gardé ça simple? La deuxième moitié d’Antisocialites se clôt sans qu’on en ait vraiment retenu quoi que ce soit avec Forget About Life, une décevante pièce morne qui ne pourrait même pas être un intermède sur un album récent de Metric.
À trop vouloir chercher la nouveauté, on s’égare. Et c’est bien dommage pour Alvvays parce que les critiques contenues dans ce texte sont majoritairement d’ordre cosmétique. Avec une direction artistique plus cohérente et un habillage sonore moins ambitieux, peut-être que ces compositions auraient fait mouche. Mais là c’est rigoureusement plate.
MA NOTE: 5/10
Alvvays
Antisocialites
Polyvinyle Record Co.
33 minutes