Courtney Barnett
Sometimes I Sit And Think, And Sometimes I Just Sit
- Marathon Artists / Mom + Pop Music
- 2015
- 43 minutes
Courtney Barnett a marqué l’année musicale 2014 avec The Double EP: A Sea Of Split Peas, qui réunissait sur un même disque les chansons émanant de ses deux premiers maxis (offerts en 2012 et en 2013). On y découvrait une voix lancinante, triste, mélancolique, fatiguée, chantant des textes d’une dérision consumée, critiques d’une génération branchée, mais qui nous paraît du même souffle désabusé. Une belle carte de présentation qui avait séduit. Prometteur, nous avions hâte à la suite.
Nous arrive donc ces jours-ci le très attendu et véritable premier album de l’Australienne, au titre interminable de Sometimes I Sit And Think, And Sometimes I Just Sit. Un titre de circonstance qui reflète précisément l’ambiance «entre-deux» qui émane de ce disque où l’ironie est distillée sur de nombreux fonds musicaux déployés (grunge, rock garage, blues-rock, pop hargneuse, post-folk).
Le sens de la ritournelle semble inné chez miss Barnett. Elle réussit à construire de merveilleux textes où les événements quotidiens deviennent les éléments centraux de ces histoires. Elle y incorpore de nombreuses phrases coup-de-poing qui font à la fois sourire et grincer des dents.
On relève deux exemples:
«You say « You sleep when you’re dead », I’m scared I’ll die in my sleep, I guess that’s not a bad way to go, I want go out, but I want stay home», chante-t-elle sur Nobody Really Cares If You Don’t Go To The Party, alors que les arrangements se font rock lourd (guitare distorsionnée et claire, batterie aux claquements rapides, ligne de basse bien grasse).
«Put me on a pedestal and I’ll only disappoint you, Give me all your money and I’ll make some origami, honey», lance-t-elle sur la grunge post-Kurt Cobain Pedestrian At The Best, de loin la pièce la plus vigoureuse du disque.
N’empêche que Courtney Barnett ne peut, par ses merveilleux textes, sauver l’ensemble des pièces entendues. Car si ce Sometimes I Sit And Think… démarre sur les chapeaux de roues, un creux musical se fait entendre à mi-parcours. Les chansons Aqua Profunda et Dead Fox tombent littéralement à plat. Conventionnelles, sans explosion et linéaires, elles détonnent du reste de l’offre de Barnett et déçoivent.
Mais oublions ce faux pas et proclamons que Courtney Barnett, avec ce «premier» disque, fera encore parler d’elle en 2015. Tout comme elle l’a fait en 2012, 2013, 2014…
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