Colin Stetson
Sorrow – A Reimaging Of Gorecky’s 3rd Symphony
- 52Hz Records
- 2016
- 53 minutes
Le Montréalais Colin Stetson ne fait pas les choses comme les autres et une fois de plus, il nous le prouve avec sa nouvelle création. En fait, on devrait dire interprétation, car il s’agit bien d’une relecture de la 3e symphonie du compositeur polonais Henryk Gorecky. Cette pièce est sans doute sa plus connue. On y retrouve un ensemble à vent et un ensemble de cuivres qui chantent cette longue et triste plainte. Sorrow n’a jamais été expliquée par le compositeur. Il l’a dédiée à sa femme sans jamais nommer de moments de l’histoire qui aient pu contribuer à la magnifique mélancolie qui s’y trouve.
Stetson pour l’occasion s’est entourée d’un bon nombre de musiciens dont sa grande amie Sarah Neufeld alors que sa sœur Megan interprète à merveille la partition vocale. Au tout début, Stetson commence seul avec ce qui semble être son saxophone basse. On entend clairement ses respirations, le tout donne un sentiment de proximité et d’intimité avec le brillant musicien. Tranquillement, les instruments se rajoutent à l’ensemble pour jouer le premier mouvement de la symphonie. Ce début normalement joué par des cordes garde tout de même son sentiment de danger glauque. C’est solennel, sombre et empreint d’un sentiment de fatalisme particulier. Lorsque le violon fait son entrée, soudainement c’est une immensité qui s’ouvre à nos oreilles. C’est extrêmement réussi. Megan Stetson connait cette symphonie très bien puisqu’elle l’a interprété par le passé avec des orchestres complets. Lorsque sa voix claire et puissante prend son envol, elle nous porte avec elle sur des airs mélancoliques et fragiles. Les mares de son que Colin Stetson crée sont bien plus psychédéliques que l’orchestre traditionnel. On se retrouve soudainement dans un univers musical qui n’est pas sans rappeler Swans.
Le deuxième mouvement commence avec une touche de lumière accrue. Cependant, la mélancolie reprend sa place rapidement et sombre dans l’inquiétant et le glauque encore une fois. Entre la voix de la sœur Stetson et la guitare qui interprète merveilleusement bien les riffs inspirés du médiéval, on se retrouve dans un endroit musical d’une grande beauté. À la fin de celui-ci, on reconnaît une facture nettement plus contemporaine qui ferait peut-être hérisser les cheveux des puristes, mais qui permettra à un mélomane plus frileux à la symphonie d’accrocher. Même son de cloche lors du troisième mouvement qui clôt avec une aura grandiose cette réinterprétation.
Colin Stetson est un artiste complet et le prouve avec ce travail sur la 3e symphonie de Gorecky. Vraiment, c’est d’une beauté infinie. Certains moments sont à donner la chair de poule alors que les instants lugubres sont inquiétants et émouvants.
Ma note: 8,5/10
Colin Stetson
Sorrow – A Reimagining of Gorecky’s 3rd Symphony
52Hz records
53 minutes