Christopher Owens
Chrissybaby Forever
- Turnstile Records
- 2015
- 55 minutes
Au début du mois de juin, l’ex-Girls, Christopher Owens faisait paraître sa troisième offrande solo en trois ans titrée Chrissybaby Forever. En 2013 et 2014 respectivement, le songwriter avait lancé Lysandre et A New Testament; deux disques où l’on entendait un Owens hésitant, brinquebalant, ne sachant pas trop à quel saint créatif se vouer, comme si la perte de son acolyte chez Girls, Chet White, empêchait le musicien de s’émanciper. On doit vous avouer qu’après A New Testament, on avait presque lancé la serviette dans son cas…
Donc, revoilà Owens de retour… en pleine forme et c’est très rassurant pour la suite des choses. Pas que ce Chrissybaby Forever révolutionne la roue, mais on peut considérer ce disque comme le premier véritable coup d’envoi de la carrière solo du troublé compositeur. L’image d’Owens en camisole de force sur la pochette en dit long sur le désir d’affranchissement qui habite le bonhomme. Oui, c’est un grand émotif, mais sur cette création, Owens réussit somme toute à demeurer focalisé sur une direction artistique claire et cohérente.
Tout en se rapprochant ce qu’il créait chez Girls (on n’en sort pas!), sans que ce soit totalement enivrant, Christopher Owens présente une conception sonore nettement plus vivante que ses prédécesseurs en mode solo. D’entrée de jeu, avec Another Loser Fuck, on retrouve en format rock celui qu’on chérissait et la table est ainsi mise pour un charmant périple mélancolique en terre pop psychédélique rétro. On y entend un amalgame de rock issu des sixties, de folk un tantinet «gospelisant», l’ensemble dans un enrobage assez classique pour le genre. Colligé dans l’humble demeure de l’artiste avec l’aide de JJ Wiesler (Jonathan Richman), Owens en fait juste assez, ne verse pas dans le larmoiement futile et propose une majorité de morceaux simples, efficaces et émouvants. Bref, cette sitedemo.cauction justifie enfin le démantèlement de Girls.
Chrissybaby Forever est destiné aux cœurs sensibles, aficionados de romantisme littéraire à fleur de peau, détenant un penchant kitsch parfaitement assumé. On pense immédiatement au refrain répété ad nauseam à la fin de What About Love… un peu facile, mais opérant. Parmi les moments forts, on a apprécié l’auto-dérision évoqué sur Heroine (Got Nothing On You), la ballade minimaliste Waste Away ainsi que le diptyque When You Say I Love You/I Love You Like I Do: deux chansons construites sur la même progression d’accords que la pièce classique Le Canon de Pachelbel. Superbe!
Il y a bien quelques moments superflus sur ce disque d’une durée de près de soixante minutes, mais soyons bons joueurs! On croyait Christopher Owens complètement perdu dans les dédales de son instabilité émotive et psychologique et sans l’apport de son comparse chez Girls, on le sentait égaré… à jamais. Eh! Bien! Il nous surprend avec un bon disque aussi éclectique que cohérent. En souhaitant que le meilleur soit à venir dans son cas!
Ma note: 7/10
Christopher Owens
Chrissybaby Forever
Turnstile Records
55 minutes
http://www.christopherowensonline.com
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=xpV0AvTTZrA[/youtube]