Beth Orton
Kidsticks
- Anti- Records
- 2016
- 38 minutes
Beth Orton est une auteure-compositrice-interprète anglaise fort respectée par ses pairs. Si sur Comfort Of Strangers (2006) et Sugaring Season (2012), la dame campait dans sa zone de confort «folk» habituelle, la figure de proue de l’éphémère vague «folktronica», qui sévissait en Angleterre au début des années 2000, change de cap avec ce nouvel album titré Kidsticks.
Réalisée conjointement avec Andrew Hung (Fuck Buttons), la genèse de ce Kidsticks a pris forme en Californie (nouveau lieu de résidence de Beth Orton). Inspirée par les grands espaces de la côte ouest-américaine, l’artiste s’est amusée avec de nombreuses boucles rythmiques et autres synthés afin de concevoir les chansons de ce disque. Orton s’éloigne donc de son folk coutumier et plonge de plain-pied dans un univers bourré de claviers éthérés… et ça marche drôlement bien.
Pourquoi? Parce que tout est à sa place! Le duo Orton/Hung propose un disque en parfait équilibre entre expérimentation sonore et songwriting concis et efficace. Et ce qui étonne? L’aspect synthétique est vraiment chaleureux. Peu de disques de ce genre offrent autant de «chaleur humaine»… et on s’y connaît en matière de «chaleur humaine», puisque votre modeste scribe s’est vu remettre un prix, en 6e année (ça date!), pour sa cordialité envers ses semblables. Et ça n’a pas changé depuis tout ce temps-là! Avis aux intéressés!
Trêve de plaisanterie. Beth Orton a le défaut de ses qualités. L’univers sonore duveteux, vaporeux et hypnotique proposé sur Kidsticks pourrait lasser le mélomane avide de dynamisme sonore, mais pour celui ou celle qui tripe sur la contemplation, il ou elle sera bien servi par cette création aussi accessible qu’inventive. En ce qui nous concerne, on aurait souhaité un peu plus de «folie», mais il faut accepter que chez Orton, tout est nuancé, posé, rien ne déborde. Puisque la dame vieillit, on accepte plus facilement la sérénité qui caractérise cet album.
C’est bon du début à la fin. L’entrée en matière enjouée titrée Snow, la magnifique Petals (caractérisée par l’arrivée impromptue d’une batterie «déloussée»), le petit penchant soft rock en toc évoqué dans Falling, l’expérimentale et narrative Corduroy Legs de même que l’électro-pop 1973 font partie des meilleurs moments de ce Kidsticks. Un disque qui porte très bien son nom. On y entend clairement tout le plaisir qu’a eu Orton à expérimenter avec cette panoplie de sons artificiels.
Sur Kidsticks, Beth Orton se réinvente pour le plus grand plaisir de nos oreilles. Ceux qui l’avaient délaissé pourraient sérieusement raccrocher. Voilà l’exemple probant d’une doyenne de la chanson anglaise qui vise la durée, en cherchant à sortir de ses propres sentiers battus, plutôt qu’en répétant inlassablement la même recette musicale. Messieurs Ashcroft et Gallagher, prenez des notes!
Ma note: 7,5/10
Beth Orton
Kidsticks
ANTI
38 minutes
http://www.bethortonofficial.com/
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