Critiques

Bernhari

Bernhari

  • Audiogram
  • 2014
  • 47 minutes
8,5
Le meilleur de lca

53f2802849f5f_182x182Bernhari. Vous l’avez peut-être vu en première partie de Fontarabie aux Francofolies, en véritable homme-orchestre, chantant, jouant du clavier d’une main et des percussions de l’autre. Ou peut-être l’avez-vous entendu sur les radios universitaires partout au Québec avec le simple Kryuchkova, pièce parue discrètement sur un maxi en mai dernier, en guise de carte de visite dans l’attente d’un premier album. Bernhari arrive avec un album homonyme aujourd’hui et je doute que vous n’ayez pas fini d’entendre parler de ce projet ambitieux.

Projet mystérieux de l’ancienne pierre angulaire des groupes montréalais L’étranger et L’ours, Alexandre Bernhari a vu le jour dans les soubresauts des évènements qui secouèrent le Québec au printemps 2012, imprégné de la rencontre d’une femme très étrange lors d’une manifestation et de l’engagement social dudit mouvement. Alexandre Bernhari, instigateur et tête pensante, s’est mis à élaborer ce projet, pour y travailler durant deux ans.

Dans un monde parallèle où Montréal est plongée dans une guerre perpétuelle avec les autorités, Bernhari propose un indie rock romantique bien senti, teinté de shoegaze, de brit-rock des années 80 (The Smiths, Joy Division, Interpol) et de chanson française. Avec Emmanuel Ethier (Peter Peter, Jimmy Hunt, Kandle) qui manie la réalisation de main de maître, les arrangements se veulent efficaces, optant pour être tantôt classiques (Sainte-Catherine, Les Missiles) tantôt ravageurs avec des guitares bien présentes (Sagard, Kryuchkova), tantôt dramatique, comme sur la prenante et dramatique Je ne t’oublierai jamais, accompagné par un Bernhari au piano. Au centre de tout ça, il y a la voix de Bernhari, à mi-chemin entre Renaud, Jimmy Hunt et Paul Banks, voix qui est volontairement effacée dans le mix, qui laisse place à la musique. On retrouve les voix de l’artiste et poétesse montréalaise Marie Davidson sur l’excellente Éclipse, ainsi que l’actrice Sophie Desmarais sur Kryuchkova.

On s’en voudrait de passer sous silence la cohésion de l’album, qui se tient comme le déroulement un film, avec une ouverture et une scène finale où Bernhari laisse l’auditeur avec l’espoir cuisant que tout peut changer. De Sagard en passant par la plus légère Sainte-Catherine, on change de registre souvent au cours de l’album. Malgré cette variété, on sent le tout calculé et pensé de façon à maintenir l’auditeur en haleine, ce qui en résulte une écoute souvent passionnante. Puis, on a le cœur gros quand les guitares démarrent dans Bouquet final, la pièce qui clôt l’album de façon magistrale. Du coup, on est pris à en redemander encore et encore.

Avec un album qui a trouvé un toit chez Audiogram, on parie que Bernhari trouvera un public chez les fans de Malajube, Jimmy Hunt, Peter Peter et autre Indochine, tandis qu’on retrouvera sans doute cet album dans les listes des meilleurs albums parus cette année. Un incontournable de la rentrée musicale.

*En spectacle-lancement le mardi 2 septembre à Québec au Cercle et le mercredi 3 septembre à Montréal au Cabaret du Mile-End.

Ma note: 8,5/10

Bernhari
Bernhari
Audiogram
47 minutes

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