Critiques

BARF

Brûle, Consume, Torture

  • Indica Records
  • 2014
  • 47 minutes
8
Le meilleur de lca

406861Quelque part au printemps 1996, dans un bois aux abords de la rivière Grande-Décharge à Alma, j’ai bu trois bières et j’ai vu mon premier show metal à vie. Bon, j’avais déjà vu des cassettes vidéo de Megadeth et Slayer, mais somme toute, c’était la première fois qu’une telle furie se déchaînait dans la même pièce que moi. Ah oui, le band c’était Blasting All Rotten Fuckers et ce soir là, ils ont changé ma vie. D’ailleurs, leurs meilleurs disques (Ignorance Chaos Suicide et Surprise…) reviennent périodiquement s’installer sur la platine de mon lecteur CD.

Aujourd’hui, ils sont de retour pour vrai après leur séparation de 1999, et les quelques tournées sporadiques qui ont suivi depuis, pour enfin nous offrir le digne successeur de Catharsis. Notez que l’emploi de l’adjectif «digne» sert ici à rassurer d’emblée le lecteur: Brûle, Consume, Torture est tout ce qu’on attendait d’un nouvel album du groupe de Marc Vaillancourt et Denis Lepage. La même agressivité et la même puissance malgré le passage du temps, les mêmes textes crus et incisifs et la même toune trad/rigodon/weird (qui s’intitule ici Whiskey) qui débarque pas rapport dans ce typhon hybride hardcore/métal. Il y a même la répétition d’une blague désopilante qui m’avait fait mourir de rire à l’époque de Surprise… Je n’en dis pas plus.

La principale cassure avec le passé vient du fait qu’il s’agit du premier album de BARF livré entièrement en français. De quoi réjouir les ardents défenseurs de notre langue, même si on retrouve à répétition une grinçante erreur de conjugaison sur la pièce Éternelle: le mot amour y est conjugué au féminin. «L’amour est-elle vraiment éternelle?». Oups. Enfin, c’est quand même un très efficace duo avec l’ex-Deadly Pale Amélie.

Parmi les meilleurs moments de l’album, on retrouve les excellentes Crever de soif au sein de laquelle Marc (ou fort probablement le personnage qu’il incarne) nous explique qu’il boit pour éteindre le feu qui le consume en dedans, la très intense Hater, sorte de règlement de compte avec tous ces commentateurs dénigrant n’importe quoi tout à fait gratuitement sur les réseaux sociaux et l’anecdotique Histoire de puke, qui porte un titre nous permettant d’éviter de s’attarder sur le sujet davantage. À mon humble avis, le clou du spectacle est Je me souviens. Y’a rien comme une bonne rengaine métallo-politique bien québécoise.

BARF est de retour et ça fait un bien fou de les revoir avec des «vieux-nouveaux» musiciens (Carlos Araya et Dom Forest Lapointe). Peu de frontmen ont le charisme de Vaillancourt sur scène. Allez voir ça cet été, ils seront en spectacle partout dans la province. Selon les mots du chanteur: «Va falloir que tu restes creux en crisse au fin fond d’un champ de blé d’Inde pour nous manquer».

Ma note: 8/10

BARF
Brûle, Consume, Torture
Indica
47 minutes

www.facebook.com/barfmtl

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=uwmQ0J8FcJk[/youtube]