Alex Nevsky
NOS ELDORADOS
- Audiogram
- 2016
- 39 minutes
Alex Nevsky avait fait belle figure avec Himalaya mon amour dans le monde de la critique de disque. De notre côté, on trouvait que ça regorgeait un peu trop de Pa-pa-pa-pa-pa et de la-la-la-la-la, sans compter que l’album donnait l’impression de monter une montagne et d’ensuite la redescendre pendant de longues minutes. Ça n’enlève rien au talent de mélodiste de l’homme qui a prouvé à maintes reprises ses capacités.
Nos Eldorados est un album beaucoup mieux équilibré que le précédent. La pop de Nevsky est souvent facile, mais ses textes eux, n’ont rien de paresseux et tout au long du nouvel opus, il démontre sa grande culture. Même si ce n’est pas musicalement tellement aventureux, Nevsky essaie de nouvelles avenues sur cette nouvelle galette et laisse derrière peu de chansons faibles. C’est une mission accomplie pour le jeune homme.
L’enfer c’est les autres, une pièce assez sombre, fait référence à la fameuse phrase de Sartre dans Huis clos. Il y dépeint une société grise qu’il est difficile de nier avec l’élection de Donald Trump chez les voisins du Sud, les réactions face à l’habillement de Safia Nolin ou encore la section commentaire des grands médias qui servent de piscine à fiel pour des êtres humains qui manquent de retenue. « La télé chaque jour remplie/Du discours raciste et haineux/Regarder se dissoudre/L’envie de faire mieux. » Sur Nos eldorados, Nevsky nous parle de cette société qu’on nous promettait plus jeune où les humains sont respectueux les uns envers les autres, où la peur ne fait pas loi et où la collectivité se soutient. De bien beaux idéaux. Sur Nos Eldorados, il reprend le fameux titre de Pierre Falardeau : La liberté n’est pas une marque de yogourt.
Il offre aussi quelques pièces intoxicantes dont l’entraînante Réveille l’enfant qui dort, une pièce de pop bien construite avec une puissante force de frappe. On y voit aussi Koriass venir faire un rap qui honnêtement, fonctionne à moitié. Ça fait un peu cliché. Mais bon, ça reste une bonne chanson. La collaboration avec Cœur de Pirate est un peu plus plaisante sur Jeter un sort.
Il y a quand même quelques succès faciles qui, au moins, devraient connaître un bon succès à la radio, mais qui laisse froid. Polaroid, premier extrait, est assez convenu et malgré sa mélodie hyperaccrocheuse, on tend à s’en lasser assez vite. Alex Nevsky ne fait pas beaucoup de coups douteux sur Nos Eldorados, mais l’horrible silence dans Le lit des possibles est à rager. Pourquoi fermer le son pour le rallumer? Est-ce que ça a déjà été un procédé efficace? On dirait plus une erreur de technicien qui aurait accroché le piton du volume pendant le mixage.
Alex Nevsky, malgré les quelques petits bogues, nous offre Nos Eldorados, un album solide de pop qui se prête bien au jeu de la radio commercial. Heureusement, c’est bien plus plaisant d’y entendre un jeune homme cultivé et instruit plutôt que DNCE ou Desiigner. C’est plus solide que son précédent effort et les amoureux de pop dynamique y trouveront leur compte.
Ma note: 7/10
Alex Nevsky
Nos Eldorados
Audiogram
39 minutes