Critiques

Zouz

Vertiges

  • Lazy At Work
  • 2021
  • 38 minutes
7

Fondé en 2016, zouz est un trio qui regroupe les instrumentistes David Marchand (JUSS, Mon Doux Saigneur, Alex Burger), Étienne Dupré (Klô Pelgag) et Francis Ledoux (Helena Deland, Jesse Mac Cormack). Explorant plusieurs genres musicaux — math rock, noise, post-punk, prog, acid blues, etc. —  zouz est parfois comparé à des formations comme Dirty Projectors ou encore Talking Heads. Près de chez nous, ce sont Malajube et Karkwa qui nous viennent en tête, mais avec un soupçon de « lourdeur » qui différencie la formation des deux groupes.

zouz possède une identité sonore forte qui a été forgée avec la sortie de deux excellents EP parus respectivement en 2017 et 2018. Enregistré à l’été 2020 au studio Green Room et co-réalisé avec l’aide de Jean-Bruno Pinard (Thierry Larose, Winston Band), le groupe nous présente son premier long format titré Vertiges dont la gestation a donné lieu à plusieurs remises en question.

En 2019, dans le cadre d’une résidence de création qui s’est déroulée au Vieux-Moulin du Bic, le groupe a alors remanié de façon significative ses nouvelles chansons et, par le fait même, son processus de création. Grâce à de longues séances d’improvisations, et en prenant bien soin de ne pas voiler ses compositions derrière un mur de distorsion, ce premier album est plus accessible que les deux précédentes sorties.

Cette clarté mélodique est intrinsèquement liée à la nouvelle approche « guitaristique » de Marchand. En remodelant ses accords en arpèges et en évacuant la légendaire « masculinité » du rock, les mélodies de Marchand deviennent ainsi plus intelligibles, laissant également un espace plus important pour la basse d’Étienne Dupré. Le résultat de cette nouvelle méthode de travail s’entend clairement dans une pièce comme La Mort des Mots, et ce, malgré le son distordu qui caractérise la chanson. Les pièces de ce Vertiges sont parfois lourdes, et à d’autres occasions planantes, mais sont toujours singularisées par une subtile envie de brouiller les pistes.

Les adeptes de clarté littéraire devront passer leur tour. En cohérence avec son approche musicale, zouz nous proposent des textes poétiques/hermétiques évoquant le déclin amoureux, la chute libre et les nombreuses souffrances qui plombent nos existences. Dans Monotone, l’usure des relations, quelles qu’elles soient, est habilement évoquée :

Tu te donnes, t’abandonnes

Plus personne ne s’étonne

De voir qu’il t’emprisonne

Ce boulet monotone

– Monotone

Parmi les autres bons moments de ce premier album, on note les contributions vocales de Naomie de Lorimier (N NAO) et de Shaina Hayes dans Nager et Monotone. Après l’introductive pièce-titre — pièce aux allures prog plus ou moins convaincante — zouz nous balance l’excellente Auréole. Seuls groove comme une chanson de King Gizzard and the Lizard Wizard. Nager est magnifiquement étrange et la conclusive La Mort des Mots nous plonge dans un post-punk abrasif très efficace. Une seule ombre au tableau : Toi qui sais. Cette chanson pop-funk ensoleillée détonne beaucoup trop comparativement aux autres pièces de l’album.

Avec Vertiges, zouz réussit son pari : créer un album en équilibre entre une foisonnante virtuosité et une accessibilité pop. Même si on déplore l’absence de quelques excès sonores plus décapants, l’approche plus « contenu » du trio fonctionne.

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