Critiques

Zen Bamboo

GLU

  • Simone Records
  • 2020
  • 39 minutes
8
Le meilleur de lca

Zen Bamboo est sur le radar de bien des amateurs de rock depuis un bon moment déjà. Ayant déjà fait paraître quatre minis albums, obtenus deux nominations au GAMIQ, sans compter leur participation à plusieurs des plus grands festivals de la province, le groupe de Saint-Lambert jouît d’une réputation enviable. Ne leur restait qu’à passer le test du premier long jeu, exercice qui reste difficilement contournable, même en cette ère de musique dématérialisée.

C’est maintenant chose faite. Intitulé GLU, ce premier album complet a de quoi convaincre. Proposant un bon dosage entre mélodies accrocheuses, propos poétiques et recherche musicale, GLU contient son lot d’hymnes rock et risque de faire son chemin bien au-delà des cercles restreints des amateurs de musique indépendante.

Lorsqu’on s’attarde à Zen Bamboo, une comparaison avec Malajube s’impose d’emblée. Leurs quatre mini albums ont en effet été réalisés par Thomas Augustin, claviériste de Malajube. Zen Bamboo n’a pas été chercher trop loin pour GLU. Il s’est en effet tourné vers Julien Mineau, guitariste-chanteur du défunt groupe de Sorel. Zen Bamboo persiste et signe, assumant cette filiation jusqu’au bout.

Cette continuité dans le choix des réalisateurs n’a pas empêché le son de Zen Bamboo d’évoluer au cours des dernières années. Le groupe passe ainsi d’un rock garage rappelant le premier album de Malajube ou de The Strokes, à quelque chose de plus ample, de plus pesant, plus proche des albums plus tardifs de leur mentor, mais qui s’inscrit peut être davantage dans la lignée de Premier juin de Lydia Kepinski. Comme c’est le cas chez cette dernière, le rock de Zen Bamboo est maintenant tapissé de synthétiseurs. Ceux-ci prennent souvent le pas sur les guitares électriques, ou s’y mélangent, à un point tel qu’on ne sait souvent plus à quel instrument on a affaire.

On aurait donc tort de trop insister sur la comparaison avec Malajube. Déjà, les textures sonores que Zen Bamboo exploite sur GLU sont résolument actuelles. Mais au-delà du travail de réalisation, le moteur des créations de Zen Bamboo n’est pas le même que pour Malajube. Chez ces derniers, la recherche musicale était reine, alors que pour les premiers, c’est le texte qui est roi.

Ce sont en effet les textes de Simon Larose qui viennent un peu déstructurer les compositions rock de Zen Bamboo, qui autrement pourrait sombrer dans quelque chose de stéréotypé. L’ambition littéraire du chanteur l’amène à développer des mélodies vocales souvent chargées, rarement répétitives, mais qui laissent néanmoins la place à quelques refrains accrocheurs. Qui plus est, on a souvent l’impression que ce sont les textes poétiques de Larose qui forcent le groupe à sortir des rythmes rock ordinaires, à entrer dans de longs ponts, de longues transitions, à faire des ruptures radicales, à exploiter différentes atmosphères au sein d’un même morceau. En d’autres mots, le texte semble souvent amener l’élément de surprise, imposer sa structure à la musique de Zen Bamboo et lui conférer toute son originalité.

En ce sens, on peut retrouver sur GLU des échos de Feu! Chatterton; pas tellement dans les sonorités, ni dans les atmosphères, plutôt dans les mélodies qui rappellent la chanson française et surtout dans l’élan littéraire qui marque la musique du groupe.

Les interprétations énergiques mélangées, les mélodies animées et les arrangements relativement chargés font en sorte qu’une effervescence se dégage de GLU. Une quête d’intensité qui se retrouve également dans les textes de Simon Larose, comme en témoigne le refrain de J’aime vivre, le deuxième morceau de l’album : « Moi j’aime vivre et j’aime vivre et j’aime vivre encore plus fort ». On touche ici à un thème récurant sur GLU. Cette volonté de vivre à fond se mélange à une grande sensualité, entre recherche du bonheur, amour, sexualité et références fréquentes à l’alimentation. Tout cela est cependant assombri par moment, par les changements climatiques sur Chimpanzé, ou encore par des moments d’anxiété sur Montréal tristesse.

Le chemin qu’a parcouru Zen Bamboo pour en arriver à GLU a été long. Le groupe a pris son temps et cela paraît. L’album porte un côté juvénile, mais présente en même temps un groupe artistiquement mature, en pleine maîtrise de ses moyens. Zen Bamboo arrive ainsi à faire le pont entre un côté pop accrocheur et des textes poétiques franchement bien tournés; une musique qu’on ne serait pas surpris d’entendre à la radio, mais qui présente des explorations sonores qui valent le détour. Une recherche d’équilibre qui frappe dans le mille.

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