Critiques

Yo La Tengo

This Stupid World

  • Matador Records
  • 2023
  • 49 minutes
7,5

La formation résidente de Hoboken — petite ville située dans l’état du New Jersey — célèbre cette année son 39e anniversaire d’existence. C’est ce qu’on appelle durer ! Depuis tout ce temps, Ira Kaplan, Georgia Hubley et James McNew ont toujours présenté des albums à vocation rock, mais qui, parfois, empruntaient des chemins plus aventureux vers la pop sophistiquée, le folk, la musique expérimentale et même la country.

En 2020, en plein confinement pandémique, Yo La Tengo a cassé son moule créatif en nous proposant We Have Amnesia Sometimes, un album réunissant cinq pièces instrumentales — des drones, en fait — enregistrées à l’aide d’un seul microphone positionné en plein centre de leur lieu de répétition. Cette technique d’enregistrement assez rudimentaire est employée de nouveau sur le 16e opus de la formation intitulée This Stupid World; un disque qui marque le retour à la forme chansonnière pour le trio.

Celles et ceux qui connaissent bien Yo La Tengo ne seront pas désarçonnés à l’écoute de ce nouveau long format. L’influence de Sonic Youth est en vigueur et l’amour senti que la formation a toujours manifesté à l’endroit du shoegaze demeure intact. Cependant, le trio ajoute à ses habituels ascendants un peu de psychédélisme et de krautrock. Ces deux « présences », combinées à ce je-ne-sais-quoi de doucement anxiogène caractérisant la vaste majorité des chansons, font de ce nouvel album une autre réussite à ajouter au compteur déjà bien garni de la formation.

Dans la pièce-titre, Yo La Tengo exprime de manière sans équivoque sa propre ambivalence émotive face à l’état psychologique instable qui accable un nombre de plus en plus important d’Occidentaux.

This stupid world

Is killing me

This stupid world

Is all we have

-This Stupid World

Le trio, en plus de mettre en évidence toutes ses capacités compositionnelles, met également de l’avant ses infaillibles goûts musicaux. On pense à l’aura de la formation allemande Can dans Tonight’s Episode et à Wilco, lorsque la bande à Jeff Tweedy est en mode expérimental, dans Apology Letter. Fallout assume très bien ses inflexions sonores inspirées par la power pop. Brain Capers et la pièce-titre sont d’efficaces révérences à My Bloody Valentine. Évidemment, on salue l’utilisation des maracas dans Sinatra Drive Breakdown, un peu comme le faisait Steve Shelley, batteur mythique de Sonic Youth.

Sans se casser la tête inutilement et sans se réinventer, le groupe mise sur ses forces sans réfléchir à la réception que pourrait obtenir cette nouvelle création. Kaplan, Hubley et McNew sont maintenant libres de concevoir la musique qui leur plaît. Grand bien leur fasse.

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