Critiques

Wild Nothing

Indigo

  • Captured Tracks
  • 2018
  • 41 minutes
8
Le meilleur de lca

Pour son 4e album à paraître sous son pseudonyme Wild Nothing, Jack Tatum parle d’amour. Libéré d’une relation malsaine dès l’ouverture titré Letting Go, il célèbre avec des couches de synthétiseurs, une batterie musclée et quelques castagnettes.

Letting go

I wanna be happier

I wanna be more than close

– Letting go

Ce n’est pas si simple cependant de s’affranchir de l’emprise de l’être aimé. Ce qui s’annonçait comme un projet d’émancipation prend plutôt les airs d’une suite de 10 rechutes, à divers degrés. La force d’attraction de la personne quittée semble indéniable. Lors de Partners in Motion, Tatum chante avec l’émotion d’un amant obsédé, épiant son ancienne flamme dans un café, probablement nommé Dollhouse (titre d’une pièce instrumentale lancinante). Musicalement, on entend à s’y m’éprendre un vieux simple des années 80, à mi-chemin entre un succès pop et la chanson thème d’un thriller sexuel.

I caught you in the Dollhouse 

Drinking coffee with your new wife

How is your new life ? 

– Partners in Motion

Difficile de ne pas comparer la plus récente offrande de Tatum à The Smiths avec ses envolées vocales sombres qui résonnent en écho infini avec les claviers et la batterie synthétiques. Indigo reste en équilibre entre la mélancolie et le plancher de danse avec presque autant d’aplomb que New Order, ce qui n’est pas rien. Comme comparaison plus actuelle, Tatum flirte aussi avec la techno/rock psychédélique de Cut Copy. Les admirateurs du provocant Alex Cameron et de l’excentrique Ariel Pink seront également en terrains connus .

En s’ancrant autant dans la décennie aux costards à épaulettes, on pourrait critiquer l’originalité d’Indigo. Il est clair que le pop-rock de Tatum est en quelque sorte un hommage au passé. L’Américain arrive à distiller avec brio les qualités musicales des années 80 — des ambiances mystérieuses, une harmonie entre sons électroniques et organiques, des histoires d’une intensité poignante — sans tomber dans le pastiche pur et simple.

Indigo est finement ficelée. Chaque chanson complétant ses voisines que ce soit grâce aux textes ou part des textures variées. Bien que Wild Nothing  offre une pop très léchée et parfois complexe, des refrains accrocheurs trouvent toujours leur place. Un plaisir instantané, un peu nostalgique, porté par la force narrative de Jack Tatum.