Critiques

Waxahatchee

Tigers Blood

  • Anti- Records
  • 2024
  • 43 minutes
8,5
Le meilleur de lca

Fière représentante de la nouvelle génération de femmes qui imposent de plus en plus leur marque sur l’indie rock, la chanteuse Katie Crutchfield s’est toujours démarquée par son petit côté americana. Avec le superbe Tigers Blood, son sixième album sous le nom Waxahatchee, elle réussit le mariage parfait entre le folk plus intimiste de ses débuts et l’approche plus directe héritée du punk de son adolescence.

En promotion pour ce nouveau disque, Crutchfield a ouvertement parlé de sa nouvelle sobriété, elle qui a longtemps combattu une dépendance à l’alcool. Son combat pour vaincre ses démons avait d’ailleurs fortement teinté l’écriture de son précédent album Saint Cloud (2020), dominé par des chansons délicates et introspectives enrobées de musiques paisibles baignant dans des influences pop, folk et country.

À plusieurs égards, Tigers Blood se veut une suite tout à fait logique à Saint Cloud. On y retrouve cette même esthétique sudiste (elle est originaire de l’Alabama) avec des arrangements folk et country-rock, où les guitares acoustiques et même le banjo occupent une place importante (superbe Lone Star Lake, entre autres). On y retrouve également ce même ton à la fois réflexif et optimiste, tandis que Crutchfield porte un regard lucide sur son passé turbulent tout en embrassant l’avenir avec un regard neuf. Il se dégage d’ailleurs de Tigers Blood une impression de fraîcheur et de sérénité, un peu comme si le plaisir de chanter ces nouvelles chansons se transportait directement dans notre salon ou nos oreilles, une qualité assez rare sur un album.

Sans être un disque très porté sur le rock (loin de là), Tigers Blood nous permet tout de même de renouer avec la Katie Crutchfield en mode plus énergique, à l’image de l’album Out in the Storm, paru il y a sept ans déjà. Il y a dans l’excellente Evil Spawn et dans le refrain addictif de Bored une espèce de fureur adolescente qui nous rappelle que Crutchfield a commencé sa carrière dans le groupe pop-punk P.S. Eliot, qu’elle formait avec sa sœur jumelle Allison. Malgré leur approche différente, ces chansons s’insèrent parfaitement dans l’ambiance générale de l’album parce qu’elles respirent la même candeur, mais aussi la même défiance, comme une espèce de confiance en soi qui vient avec le succès considérable que lui a valu Saint Cloud.

Crutchfield apparaît d’ailleurs en parfaite symbiose avec son groupe. Il y a d’abord la présence rassurante de Brad Cook derrière la console, qui a encore su trouver le bon équilibre entre des arrangements raffinés (le son cristallin des guitares, les harmonies vocales, etc.) et l’écriture plus intimiste et vulnérable. L’instrumentation est d’ailleurs étonnamment élaborée pour un disque americana, avec du banjo, de l’accordéon, de l’orgue et même du mellotron sur la superbe 3 Sisters en ouverture!

Évidemment, on ne peut passer sous silence la présence de l’auteur-compositeur MJ Lenderman (Wednesday), qui signe un des plus duos de l’année avec Crutchfield sur la touchante Right Back to It, avec leurs deux voix qui s’agencent parfaitement. À la base, Lenderman avait été invité en studio pour participer à ce morceau uniquement, mais il est finalement resté pour l’enregistrement de l’album au complet, et son jeu de guitare et ses harmonies vocales donnent une autre dimension à des morceaux comme Burns Out at Midnight ou la somptueuse chanson-titre en conclusion.

Par son approche pleine de nuances et de subtilité, Tigers Blood est un disque qui se bonifie à chaque écoute. Si vous avez trouvé le précédent Saint Cloud un tantinet trop sage, vous n’avez aucune raison de bouder votre plaisir cette fois-ci.

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