Vincent Vallières
Les saisons, les secondes
- La maison fauve
- 2025
- 47 minutes
Vincent Vallières revient aux quatre ans. Un peu réglé comme une horloge le Vallières. Même s’il affirme dans une entrevue avec Josée Lapointe dans La Presse qu’il a pu avoir le temps de sa productrice, Catherine Simard, il est pile-poil à l’heure même quand il a l’impression d’avoir pris son temps. Une chose se dégage de Les saisons, les secondes : une certaine crise qui passe. Une crise de la cinquantaine? Il est encore trop jeune. Une crise de la quarantaine en retard? Peut-être bien. Dans tous les cas, le sentiment de grands changements se dégage de l’album.
J’écoute la marée
Je garde le silence
Faut se faire à l’idée
Apprivoiser l’absenceLes chansons abandonnées
La misère du monde
Je n’en fais plus grand cas
Depuis que t’es plus là, ma blonde
— Les saisons, les secondes
C’est clair dès la première chanson que ce sont les grands bouleversements, comme les ruptures, qui seront la trame de fonds de l’album. Mais ça ne s’arrête pas là. Il y a aussi les réflexes habituels dans ces situations qui apparaissent : retrouver les vieux chums, chercher l’amour un peu partout et la solitude. Un bel exemple de tout ça est T’es comme un ange qui incorpore tout ça dans son texte. La pièce de pop-rock groovy est additionnée d’une bonne dose de saxophone joué par Marie-Josée Frigon. Ce dernier a un beau ton gras qui complète à merveille la pièce.
Les arrangements sont en général franchement réussis sur Les saisons, les secondes et ce n’est pas étranger au travail de Gabriel Desjardins qui les a écrits. Le meilleur exemple est la chanson-titre, mais un peu partout, les touches d’arrangements viennent bonifier la proposition. Et malgré ce côté plus soucieux du détail, il y a aussi un côté plus cru à l’album. Je ne pourrais pas le jurer, mais on dirait que tout ça a été enregistré en groupe et pas n’importe lequel : André Papanicolaou à bien des instruments, Olivier Langevin à la guitare, Marc-André Larocque à la batterie. S’ajoutent à tout ça Jérémie Essiambre (La Faune), Michel-Olivier Gasse (Saratoga) et quelques autres qui ajoutent leur touche ici et là. Gasse fait même un caméo dans le texte de T’es comme un ange. Certitudes, Salut Lacasse et Des Flèches au soleil sont toutes des exemples de moments où le groupe de pop-rock se fait particulièrement efficace.
Dans les côtés plus cutes de Les saisons, les secondes, Vincent Vallières invite sa fille, Lili-Rose Vallières, qui chante avec lui.
Dessine-moi un amour
De dimanche au soir
Et tous les autres jours
Pour voir
Viens compter les étoiles
Qui filent dans le ciel
Ferme les yeux
On va faire un vœu
— Dessine-moi
Les textes sont du Vallières pur jus, et ce, même si l’autrice Dominique Fortier a souvent mis sa touche dans le tout. La paire a visiblement réussi à rester fidèle au ton de Vallières tout en poussant vers la poésie l’anecdote qu’il utilise comme point de départ.
Somme toute, c’est un album qui va plaire aux fans de l’auteur-compositeur-interprète qui réussit à rester dans les mêmes eaux sans qu’on sente qu’il ne se répète. Ce n’est pas particulièrement audacieux musicalement, il ne se remet pas en question, mais il évite le surplace et s’entoure bien. Bref, tout ça est bien plaisant pour les oreilles.