Critiques

Viagra Boys

Welfare Jazz

  • YEAR001
  • 2021
  • 40 minutes
7

En 2018, quand Viagra Boys a publié son premier album, Street Worms, jamais la formation suédoise n’aurait cru obtenir un rayonnement aussi vaste. Et ce n’est pas étranger à ce succès aussi drôle que troublant intitulé Sports. Dans cette pièce, le meneur Sebastian Murphy (un Américain expatrié à Stockholm) étale sans aucune gêne sa piètre forme physique… sûrement causée par quelques abus de substances illicites.

Au-delà de ce hit, Street Worms a fédéré grâce à cette jouissive mixture de post-punk et d’électro-rock conjuguée à une ironie bien sentie à l’endroit de tous ces masculinistes constituant la base des mouvements d’extrême droite qui sévissent en Occident. Une mouvance qui a pris une ampleur « préoccupante » ces derniers temps.

Après un EP en dent-de-scie paru l’an dernier (Common Sense), certains inconditionnels du quintette ont eu un léger mouvement de recul. Mais après la sortie du premier extrait de ce nouvel album paru vendredi dernier, les fans ont été rassurés. Avec son rythme carré, sa basse bien grasse et la voix gutturale de Murphy, I Ain’t Nice est du Viagra Boys pur jus.

Réalisé principalement par Matt Sweeney (Bonnie « Prince » Billy, Run the Jewels) avec l’aide de Justin et Jeremiah Raisen (Yves Tumor, Kim Gordon, Sky Ferreira) , on retrouve sur Welfare Jazz le son si grisant du quintette. Certes, Viagra Boys est un groupe de post-punk, mais si le groupe n’incorporait pas à sa recette des ingrédients issus de la musique électronique, saupoudrés d’un peu de psychédélisme, l’engouement suscité par sa musique serait probablement moindre.

L’effet « Viagra Boys » demeure intact. On tape du pied sur de nombreuses pièces. On sourit à quelques occasions même si le procédé est à peu près le même que sur la première offrande. Murphy et ses acolytes se sont contentés de respecter la formule établie sans trop prendre de risques.

Il y a bien les influences country dans In Spite of Ourselves — en duo avec Amy Taylor (Amyl and The Sniffers) — l’approche vocale très Tom Waits dans Into The Sun et la mélodie accrocheuse de Murphy dans To The Country, mais grosso modo, les partisans de Street Worms seront comblés. 6 Shooter, entre autres, possède des liens sonores assez évidents avec Shrimp Shack, une chanson forte parue sur le précédent effort.

Parmi les autres moments marquants, on note la très Suicide / Nick Cave titrée Toad. On relève également Into the Sun qui pourrait très bien être associée à Nightclubbing du vénérable Iggy Pop.

Pour ceux qui préfèrent leur post-punk en mode aventureux, le prochain album de Shame (ça sort vendredi !) pourrait vous sustenter un peu plus. Cela dit, dans la catégorie « divertissement », il n’y a pas à bouder son plaisir. Les textes personnels, ironiques et moroses de Murphy, combinés aux moments plus rythmés mentionnés précédemment, sauront vous distraire sans problème.

Toutefois, Viagra Boys devra brasser les cartes lors de sa prochaine aventure. Sinon, on pourrait abandonner le navire.

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