Critiques

Venom

From The Very Depths

  • Spinefarm Records
  • 2015
  • 45 minutes
6,5

Venom - For The Very DepthsVenom. Ça ne rajeunit pas votre scribouillard! On pense entre autres à l’album At War With Satan paru en 1984. Eh bien, Venom crache encore son satanisme de pacotille après trente-cinq ans au compteur. C’est toujours le vociférateur en chef Conrad «Cronos» Lant qui officie à la basse; figure emblématique (au même titre que Lemmy de Motörhead) de la scène metal britannique. Parmi les faits d’armes associés à Venom, il faut tenir compte que c’est le trio anglais qui a inventé involontairement le terme «black metal», et ce, grâce à l’album baptisé du même nom paru en 1982.

Voilà un quatorzième album, pour ces vieux salopards, titré éloquemment From The Very Depths. Cronos se fait accompagner par l’excellent guitariste Stuart «La Rage» Dixon ainsi que par le métronome Danny «Dante» Needham sur cette offrande tout ce qu’il y a de plus luciférienne. On avait de gros doutes quant à la pertinence de Venom en 2015. Force est d’admettre que ce From The Very Depths est loin du ratage anticipé.

Pas original pour deux sous, assez anachronique au niveau des compositions présentées, mais l’énergie y est, aucun doute là-dessus. Cronos est souverain en tant qu’aboyeur maléfique, évoquant un Lemmy totalement infernal (et pas mal plus en voix que le vieux briscard). La basse éructe, les riffs sont efficients, quasi punkisants. Très peu de morceaux laissent de répit à l’auditeur. De la maudite bonne job compte tenu du vieillissement de la bande à Cronos.

Bien entendu, Venom ne fait plus peur à personne et toutes ces incantations perverses font plus sourire qu’autre chose. Musicalement, ce peu subtil From The Very Depths demeure dans une zone de confort qui permet au trio de donner sa pleine mesure. La réalisation est tonitruante, les rythmes thrash/punk sont bien dosés, Cronos est en voix et n’a rien à envier à certains jeunes compétiteurs. À notre grand étonnement, on s’est très peu ennuyé à l’écoute de ce disque qui, malgré ce penchant nettement archaïque (on pense aux sempiternels solos de guitare inspirés par tous ces légendaires groupes issus de la NWOBHM), tient bien la route à la faveur d’une exécution dynamique du trio.

La trinité sulfureuse y va de ses meilleurs efforts sur le clin d’œil à Motörhead (difficile de dissocier les deux formations) The Death Of Rock N Roll, sur la quasi-punk Stigmata Satanas, sur Temptation (lourdeur remémorant jusqu’à un certain point le vieux Sepultura), sur la locomotive Crucified de même que sur Evil Law (la basse de Cronos qui éructe sans bon sens). Seul moment de faiblesse? Ce mauvais metal chevaleresque/moyenâgeux, à cheval entre Dio et Motörhead, nommé Smoke. C’est tout simplement imbuvable!

Soyons honnêtes, From The Very Depths est franchement réservé aux fans de Venom qui n’y croyaient plus. Ceux-là pourraient être stupéfaits de l’aplomb et de la détermination déployés par la formation. Cependant, la jeunesse «métalleuse» en mal de sensation forte pourrait se désintéresser de ce disque… s’il est imposé de force par un vétéran désuet!

Ma note: 6,5/10

Venom
From The Very Depths
Spineform Records
45 minutes

http://www.venomslegions.com

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