Critiques

Ty Segall

Live In San Francisco

  • Castle Face Records
  • 2015
  • 33 minutes
7

adcf850aL’album live a un drôle de statut dans le monde musical. Son avantage est de livrer la musique telle qu’elle se présente dans sa forme la plus pure, celle de la communion avec le public sans la possibilité de cacher les défauts, les fausses notes, les erreurs, etc. Elle révèle les impuretés au grand jour et pour cette raison, un album live est toujours plus pour le fan déjà conquis que le néophyte. Et l’achat d’un live tient souvent de la nostalgie, celle de revivre l’expérience, d’avoir vu ce band dans une salle de spectacle pas loin de chez soi.

Mais à travers l’offre, certaines séries se démarquent par leur qualité. Les Live In San Francisco de Castle Face Records (Thee Oh Sees, The Blind Shake et White Fence) ont cette particularité de capturer l’essence brute des groupes enregistrés. La série compte quatre titres précédents: White Fence, Fuzz, OBN III’s et Icky Boyfriends tous captés à l’aide d’une console analogue Tascam 388. Le résultat est totalement réussi à chaque fois. La série est un représentant digne de ce nom pour une scène de rock foisonnante qui nous a offert les meilleurs groupes rock des cinq dernières années avec deux de ses protagonistes à l’avant-scène: Ty Segall et John Dwyer.

Les versions sont crues, portées par le quatuor présent sur l’excellent Slaughterhouse et qui a tourné avec Segall la majorité du temps dans les dernières années: Mikal Cronin, Emily Rose Epstein et Charles Moothart. Le résultat est électrisant et démontre encore une fois pourquoi Ty Segall est un des rois incontestés du rock. On y trouve une version particulièrement marquante de Feel avant même que Manipulator soit enregistré. Un six minutes de guitares abrasives qui mise sur l’agressivité du son plutôt que les nuances.

On entend aussi l’affabilité du bonhomme à deux moments. Dès le début, il invite les gens à dire «Hello!» puisqu’ils seront sur cet album et ensuite il invite une certaine Judy à venir raconter une blague. Oui, c’est aussi ça Ty Segall! Outre ces singeries, le quatuor nous balance par la tête des versions très réussies de Thank God For Sinners, What’s Inside Your Heart et une rutilante Death. L’offrande est majoritairement composée des pièces que l’on trouvait sur Slaughterhouse dont la pièce-titre qui rentre au poste, avec tout ce qu’elle comporte d’abrasif.

Ty Segall BandLive In San Francisco est un album pour les fans, mais un disque que les adeptes apprécieront parce qu’il capture l’essence même de l’artiste: sa fougue. Ça nous a remémoré ce moment où on était en train de «crowdsurfer» au Club Soda l’an dernier ou encore cet instant partagé avec des inconnus au centre d’un «mosh pit», incapable de bouger due à la densité du rassemblement au feu Cabaret du Mile-End en 2013.

 

http://ty-segall.com/

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