Critiques

TVOD

Party Time

  • 33 minutes
7,5

D’emblée, Television Overdose (TVOD) est un projet que l’on m’a chaudement recommandé en le comparant à Jay Reatard et à l’époque la plus énervée de Ty Segall. Ayant vécu de près cette époque, ce descriptif du groupe de Brooklyn avait tout pour me plaire. C’est donc avec une motivation certaine que je me suis attaqué à Party Time, premier album complet du sextet de Brooklyn.

Je m’attendais à me faire crier dessus avec furie en recevant des salves de gros fuzz mais ce n’est pas du tout ce qui s’est passé. À ma grande surprise, l’album fait preuve d’une certaine retenue et mets ses chansons au service d’une esthétique à mi-chemin entre un post-punk angulaire et une énergie garage tout droit sortie d’un album des Strokes du début des années 2000. Ça aurait pu facilement tomber dans une catégorie de bands rock modernes tous plus génériques les uns que les autres, mais les chansons ont un charme indéniable et un côté accrocheur qui font mouche la plupart du temps. Elles se distinguent toutes les unes des autres et on se surprend à en fredonner quelques-unes dès la 2e écoute.

Parmi les moments forts, on pense à Uniform, qui ouvre le bal avec une certaine tension et aborde le non-sens lié au fait de continuer à travailler alors que la société s’effondre devant nos yeux. C’est d’ailleurs un peu le thème central de l’album qui est essentiellement de ne jamais arrêter de danser sur les braises fumantes du monde que l’on a connu, malgré tous les problèmes personnels qui nous affligent. Car Wreck suit la pièce d’ouverture et traite de dépendance affective extrême. Impossible de rester de glace en entendant le chant purement émotif de Tyler Wright. Il y a aussi une bonne rasade de synthétiseur ici, comme un peu partout dans l’album, gracieuseté des producteurs montréalais Félix Belisle et Samuel Gemme, grands responsables de l’architecture sonore proposée sur ce premier effort. Plus loin, le rock un brin plus intense de MUD ne laisse pas indifférent : encore le besoin de s’accrocher au regard de quelqu’un d’autre pour survivre dans ce monde de cinglés. Tout de suite après, sur Wells Fargo, c’est sensiblement le même sujet, mais traité de façon plus menaçante alors que la relation entre Wright et la personne dont il est question ici semble totalement toxique. Alcohol évoque la fuite dans l’alcoolisme, vous l’aurez deviné, et c’est également l’une des pièces les plus fortes ici. On pense presque aux Pixies par moments en raison de la performance quasi parlée du chanteur. Évidemment, on ne peut pas parler des meilleures chansons de l’album sans parler de l’excellente pièce-titre avec cette chorale qui scande It’s Party Time!!, de quoi rivaliser avec les grandes chansons de Andrew WK époque I Get Wet.

Pour un rock ascendant post-punk et slacker garage au service de chansons efficaces et nappées d’une production très efficace, ne cherchez pas plus loin. Ce que le groupe perd en originalité, il le regagne en efficacité et en authenticité. Un premier effort très très convaincant, rien de plus, rien de moins.

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