C’est quand même tout un phénomène que Les Trois Accords. 20 après les succès initiaux portés par des cégépiens qui buvaient de la Boréale, dans le temps que c’était la seule bière de microbrasserie québécoise avec Unibroue, le quatuor est toujours intact (Olivier Benoît a viré agent plus que chanteur baryton) et ils trouvent toujours le moyen de faire sourire avec leurs vues de l’esprit.

Si Présence d’esprit était un peu plus pêle-mêle dans sa thématique, les Trois Accords reviennent avec un album où le thème est clair : les vacances. Dès les premières notes de Party Mix qui suggère de mettre un peu de piquant dans son « bloddy » dit avec un « é » de bon québécois, on comprend qu’il sera l’affaire des temps plus légers de l’année. Alors que l’automne s’amorce. Peut-être que Les Trois Accords nous appellent à l’exact opposé de Lucien Bouchard, qui sommait le peuple de travailler plus, les Drummondvillois nous propose plutôt d’étirer les beaux jours.

Après nous avoir insufflé l’envie de faire la fête, Les Trois Accords nous emportent au Pérou pour un « Trouple des Andes » avec deux déesses jumelles sur Fièvre des Andes, nous invitent à noyer une peine d’amour au Vietnam avec Stéphanie ou encore à Boston pour une rencontre fortuite. Stéphanie est particulièrement réussie avec ses rimes humoristiques et son petit riff de guitare qui donne envie de se dandiner les foufounes sur une piste de danse.

Mais j’ai beau manger toutes les phos
Consommer minestrones et misos
Mes papilles sont comme en panne

Je voudrais
Une réponse neurologique
J’aimerais que l’on m’explique
Ce qui se passe

Stéphanie
Sans toi ça ne goûte rien
J’ai beau faire le tour du monde
Aucune soupe ne te contient
Je te cherche
— Stéphanie

Il ne faut pas pour autant réduire Les Trois Accords à des bardes plus près des fous du roi que des grands poètes. La preuve est faite alors que Cœur de Pirate les rejoint pour un duo magnifique sur la pièce-titre de l’album. Ça demeure qu’il semble y avoir derrière cette pièce d’amour un peu d’ironie, mais qui a tout pour rouler en torpinouche à Rouge FM et pas juste à Véro et les Fantastiques. Ce n’est pas la seule pièce d’amour sur l’album. On en retrouve sur la proprement nommée Guimauve.

Parmi les autres bons coups que font Les Trois Accords sur Toujours les vacances, on retrouve Alpinisme, une nouvelle manière de faire quelques blagues salées. Ou encore l’excellente L’accordeur de piano qui tombe sur un homme nu et qui joue magnifiquement sur les notes de pianos.

Bref, Les Trois Accords, c’est une valeur sûre. Une rare chose en musique. Trouver le moyen de nous surprendre après 8 albums tout en ne brusquant pas les acquis est une chose très difficile et le quatuor relève le défi une fois de plus haut la main.