Critiques

Tool

Fear Inoculum

  • RCA Records / Tool Dissectionnal / Volcano
  • 2019
  • 87 minutes
6

Avec un premier album en 13 ans, il était certain que Tool se ferait comparer à d’autres désastres de la musique rock comme Chinese Democracy de Guns’N’Roses… mais bon on aurait pu aussi dire que Portishead a pris 11 ans pour Third et que Daft Punk en a pris 8 avant la sortie de Random Access Memory. Comme quoi, on prend souvent pour acquis que les artistes doivent nous faire des albums. Alors que c’est faux.

Tool est depuis des lustres la cible d’attaque. Certains les trouvent « too much » et de l’autre côté, les fans ne jurent que par eux. On lira donc des critiques qui se placeront aux deux extrêmes. La vérité, en toute humilité, est quelque part entre les deux. C’est résolument le moins bon album de Tool en carrière. Mais Tool, même à son pire, clenche aisément bien des créateurs. Parce qu’on peut rouler des yeux devant leur métal progressif, ça demeure de très bons musiciens qui savent composer.

Fear Inoculum est la suite logique de 10 000 Days. Les pièces continuent de s’allonger et la place est donnée à Adam Jones et Danny Carey pour respectivement ce qu’ils savent faire. On sent que l’investissement de Maynard James Keenan n’est pas le même qu’à une autre époque dans le processus complet de l’album. Par contre, il semble se fondre facilement dans l’univers que les trois autres musiciens lui offrent.

La meilleure composition de l’album arrive dès la deuxième pièce avec Pneuma. C’est un bon riff à la Tool et la section rythmique se permet des fantaisies qui sont bien agréables à l’oreille. Keenan se fond dans le tout avec des paroles qui appellent à se dépasser en tant qu’humain. Un thème qui est cher à Tool depuis Ænima. Les passages plus lourds font la job et donnent envie de se lancer dans un bon headbang lent et appuyé.

7empest qui arrive à la toute fin de l’album est une pièce qui rappelle l’époque Lateralus. On y retrouve une lourdeur et une agressivité qui était absente depuis quelque temps chez Tool. Avec ses 15 minutes 44, le morceau nous emporte dans toute sorte de détours où les musiciens du groupe se donnent en spectacle. Sur album, c’est plus ou moins efficace. Mais le travail de recherche de sonorités y est. Après, il faut vraiment aimer le prog. Ça semble un tantinet surfait et on se demande si le groupe ne fait pas exprès pour en rajouter. Ce qui ne serait pas surprenant.

Fidèle à leurs habitudes, Tool nous bourre le tout d’interpièces qui sont plus ou moins convaincantes et nécessaires. Ici, ça n’a pratiquement rien à voir avec la pièce suivante. C’est un peu superflu, surtout pour un album qui dure 87 minutes.

Fear Inoculum n’est pas le meilleur album de Tool, mais ça fait honnêtement le travail. Est-ce que ça valait 13 ans d’attente? Non. Est-ce qu’on s’en fout. Oui. Il y a de bonnes pièces sur l’album qui est peut-être le dernier du groupe. Si vous aimez déjà le groupe, plongez-vous dedans, vous aurez du plaisir. Si vous les haïssiez déjà, vous allez continuer de les haïr.