Critiques

Tirzah

Colourgrade

  • Domino Records
  • 2021
  • 41 minutes
8
Le meilleur de lca

Tirzah avait fait du bruit avec son premier album, Devotion, paru en 2018. C’est principalement dans les milieux underground où sa forme alternative de soul et R&B a trouvé preneur. Elle est de retour ces jours-ci avec Colourgrade, un second opus qui pousse la facture sonore encore plus loin.

Colourgrade n’est pas un album à l’écoute facile. Ça demande un certain effort. Même que les moments les plus faciles d’approches se retrouvent dans le dernier tiers de l’album. Qu’est-ce que Tirzah cherche à faire? Nous tester? Dans tous les cas, malgré cette rencontre qui est plus difficile, certains moments magnifiques se dégagent de ce deuxième album de l’Anglaise.

Dès la pièce-titre de l’album qui ouvre le bal, on sent que Tirzah ne nous rendra pas la vie facile. On la retrouve avec une voix très distordue par du Vocoder ou un autre effet du genre. Elle répète en boucle : « Keep your face straight Colourgrade ». Ça donne une impression métallique ou artificielle, mais cette façon de rythmer la pièce avec ce vers à répétition n’est pas des plus douces. Par-dessus, Tirzah chante un peu, gênée et inconstante. Puis, on a l’impression de rentrer pour vrai dans Colourgrade avec Tectonic, la deuxième plage. Avec ses petits airs du groupe suédois The Knife, elle frappe à la bonne place. On y retrouve tout ce qu’on aime de Tirzah, son chant agile, ses mélodies inusitées, mais efficaces et une certaine sensualité dangereuse. 

La vase sonore ne s’arrête pas à la chanson-titre. Elle se retrouve à nouveau sur les 6 minutes 33 de Crepuscular Rays. Honnêtement, je ne comprends tout simplement pas pourquoi cette pièce est là. On dirait une exploration sonore sous influence. Super pour Tirzah, mais absolument sans intérêt pour le reste du monde. Et pourtant cette bouillie sonore est suivie de la brillante Send Me. Et c’est à ce moment qu’on entre dans la succession de pièces les plus intéressantes de l’album. Send Me est à la fois portée par une magnifique mélodie et une instrumentation lo-fi parfaite. Alors que la mélodie est la force de Tirzah, on sent qu’elle se retient, comme si elle se refusait à nous donner ce que nous attendions. Et c’est d’autant plus plaisant comme ça. On reste accroché à ses lèvres, même à travers la passe de noise intense pour ensuite tomber profondément dans Sink In.

Parmi les autres bons moments de l’album, il y a Sleeping et sa voix légèrement escamotée. Tirzah a dit que la naissance de ses enfants a beaucoup inspiré l’album et sans doute qu’ici on est perdu à 2h du matin quand l’un fait de la fièvre et refuse de rejoindre les bras de Morphée. Beating et sa trame ensorcelante font aussi bien le travail. Cette aventure sonore sourit à Tirzah.

Colourgrade est un excellent album qui est légèrement plombé par trois pièces expérimentales qui ne frappent pas le mille. Ceci étant dit, c’est une incursion intéressante dans le marasme d’un nouveau parent et surtout ses pièces les plus fortes sont de la bombe. Un album qui mérite entièrement votre attention.

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