Critiques

Tim Hecker

Virgins

  • Kranky
  • 2013
  • 49 minutes
8,5
Le meilleur de lca

Il y a presque exactement un an, je signais une critique sur le Canal Auditif d’une collaboration improvisée entre Daniel Lopatin et Tim Hecker, le surprenant et excellent album ambiant Instrumental Tourist. Curieusement, je me retrouve un an plus tard à écrire au sujet du nouveau Oneohtrix Point Never de Lopatin et du tout nouvel album de Tim Hecker, Virgins.

J’ai des réserves quant à Lopatin, mais j’ai une grande admiration pour Hecker, et les écouter en tandem encore une fois cette année m’a poussé à me poser des questions que je m’étais rarement posées. Est-ce que Tim Hecker me plaît plus parce que ses sonorités me rappellent des styles et des expériences qui m’ont plu par le passé? Si la musique de Lopatin me semble moindre, est-ce parce qu’elle est plus subversive et provocante? Mon parti pris pour Hecker est-il donc dû à ma préférence involontaire pour les sonorités plus… prévisibles? Je dois admettre que c’est possible, mais toutes proportions gardées, Hecker n’est pas exactement un compositeur prévisible et conventionnel. Disons qu’on est bien loin de Green Day!

Enfin, ne nous égarons pas en questionnements inutiles. Tim Hecker est un musicien basé à Montréal qui a d’abord fait des vagues dans le petit monde du glitch et du micro-house au tournant des années 2000 en tant que Jetone, mais qui s’est imposé depuis sous son nom de naissance en lançant de la musique ambiante combinant habilement sonorités organiques et synthétiques. Rares sont les musiciens qui offrent autant de structure, de tension et d’émotion en délaissant presque totalement toute notion de mélodie et de rythme.

Si Hecker s’est longtemps appuyé sur les vrombissements et les basses extrêmes, il a cette fois-ci varié comme jamais son éventail de sonorités et de sources d’échantillonnages. Les tonnerres électroniques et les cliquetis statiques se mélangent aux grands orgues et aux clarinettes, hautbois et saxophones. Et le piano est presque omniprésent. Comme toujours, la seule trace de rythme est dans la répétition de certains motifs, mais Hecker les découpe assez pour qu’ils restent bancals et instables.

On peut s’émerveiller longuement sur la technique de Hecker. Clairement, ces pièces ont nécessité de longues heures de travail et de fignolage. Cette technique serait assez pour attirer l’attention, mais si Hecker est en train de s’établir comme le grand nom de la musique ambiante, c’est parce qu’il fait résonner dans ses auditeurs quelque chose de profondément émotionnel et humain. Virgins est un autre pas vers l’avant et une réussite de plus dans son irréprochable parcours.

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