Critiques

Thurston Moore

By The Fire

  • Daydream Library Series
  • 2020
  • 82 minutes
8
Le meilleur de lca

Il commence à se faire tard. Dans la pénombre abyssale de la forêt boréale, s’allume une lumière, c’est la lumière d’un briquet et la fumée s’envole. ‘’ Feel the full effect of this dose ‘’, c’est ce que nous demande Thurston Moore, calmement assis près d’un feu, faisant valser nos oreilles par le son enveloppant de sa guitare. By The Fire, les arbres dégênés par la noirceur écarlate du soir forestier dansent avec le vent. Nos yeux se ferment, et puis s’ouvrent, le feu s’intensifie et puis se consume. L’ex Sonic Youth nous propose un véritable voyage, parfois envoûtant, parfois rocambolesque, mais assurément délicieux.

Moore nous fait part de son aisance absolue à créer, il est maître de son style, de son art. Toujours et encore pertinent dans le paysage musical moderne. En effet, l’album en entier donne l’impression que les musiciens improvisent impulsivement autour d’un feu, profitant d’une dose importante de stupéfiant pour alimenter leur flot artistique. Et nous, là-dedans ? Eh bien nous, nous voyageons avec la musique progressive et profondément psychédélique proposée à nos oreilles attentives.

Accompagné des musiciens multi-instrumentistes James Sedwards et Debbie Googe de My Bloody Valentine, avec qui il s’était aussi associé sur Rock And Roll Consciousness, il faut dire que Thurston Moore a su bien s’entourer pour en venir à ses fins. Fidèles à ce qu’ils nous ont habitué par le passé, ces derniers livrent du contenu musical ingénieux, recherché et pertinent dans le contexte actuel. Avec By The Fire, Moore et sa bande nous rappellent l’importance de la spiritualité introspective pendant ces moments aussi incertains.

By The Fire propose des lignes de basse percutantes, des riffs de guitare ambiants, légèrement dissonant à la manière de la noise music, mais des riffs tout de même lourds et psychés. C’est assez intéressant, mais l’album demande qu’on s’y plonge vraiment pour l’apprécier dans son ensemble. Sensiblement comme tous les autres albums, vous direz. Certes, mais By The Fire est un album qui progresse mélodieusement et plusieurs pièces dépassent les dix minutes, on parle ici de 82 minutes de contenu musical, c’est sensiblement la longueur d’un film. En revanche, c’est un 82 minutes beaucoup mieux dépenser que le 82 minutes qu’on pourrait dépenser en écoutant le film Brüno, par exemple.

L’album n’est pas parfait, le paysage sonore est envoûtant, mais il faut dire que les mélodies s’allongent parfois un peu trop candidement, faisant de l’univers musical derrière By The Fire, un univers moins captivant que Daydream Nation et Bad Moon Rising qui nous offrait le meilleur de Thurston Moore.