Critiques

The Sadies

Colder Streams

  • Dine Alone Records
  • 2022
  • 32 minutes
8
Le meilleur de lca

En février dernier, l’un des plus grands musiciens du rock canadien rendait l’âme. Dallas Good, frangin de Travis — tous deux membres de la formation culte The Sadies —, est décédé de manière inattendue de causes naturelles au trop jeune âge de 48 ans. En plus d’avoir été le co-meneur des Sadies, Dallas a joué longtemps dans le groupe qui accompagnait Neko Case en tournée, en plus d’avoir collaboré avec d’importantes pointures telles que Neil Young, Jon Spencer, feu Gord Downie (The Tragically Hip) et la formation country rock, Blue Rodeo.

Après le décès de Dallas, en amont de la parution du 11e album de la formation titré Colder Streams, les Sadies déclaraient solennellement ceci dans le communiqué de presse remis par Dine Alone Records : « Le monde des Sadies a été ébranlé par la mort de notre frère, ami et compagnon de groupe. La musique a été notre source de réconfort […] Nous sommes tellement fiers de Dallas et du travail que nous avons accompli sur cet album ».

Enregistré lentement entre 2019 et 2021 au studio Skybarn, réalisé par Richard Reed Parry (Arcade Fire) et supervisé par l’ingénieur de son Pietro Amato (Bell Orchestre), Colder Streams est un survol parfait de tous les styles musicaux explorés par les Sadies. Mais ce disque est surtout un vibrant rappel du talent chansonnier qui a toujours habité les frères Good.

Les harmonies vocales évoquant les légendaires formations The Byrds et R.E.M. sont toujours aussi émouvantes. L’invité de marque, le bon Jon Spencer, vient amplifier le son déjà crasseux entendu dans No One’s Listening. Fidèle à leur habitude, les Sadies nous proposent aussi quelques incandescences aux accents garage rock avec Better Yet et Stop and Start. Cette dernière a pour sujet la maladie mentale, plus précisément la maniaco-dépression :

When the sadness has won

Then the madness comes…

– Stop and Start

Mais la chanson hautement frémissante de ce Colder Streams est sans contredit More Alone. À l’écoute du texte de cette pièce aux allures « western-spaghetti », on ne peut s’empêcher de penser au décès de Dallas Good. Même si ce morceau est interprété à deux voix, incluant celle de Dallas, elle aurait pu très bien être chantée par Travis, en mode esseulé, tant le texte sied parfaitement à l’immense tristesse vécue par celui-ci.

I feel more alone

Then when I’m alone

– More Alone

On aimerait également souligner l’excellent travail accompli par le duo Parry/Amato qui a eu l’intelligence de conserver intact le son salopé des Sadies, tout en le bonifiant d’une explosivité exaltante.

L’impeccable carrière de ce grand groupe se conclut avec une pièce instrumentale, épique et cinématographique à la fois, intitulée simplement End Credits. Quelle belle manière de saluer une dernière fois le grand talent, souvent trop mésestimé, des frères Good !

Dans un dernier post-scriptum, Dallas Good avait déjà évacué de manière ironique les critiques à venir de cet ultime long format en déclarant entre autres que « Colder Streams est de loin le meilleur disque jamais réalisé par quiconque ! ». On reconnaît ici l’humour sarcastique du musicien.

Or, force est d’admettre que Colder Streams conclut admirablement bien la carrière d’un des meilleurs groupes canadiens de l’histoire du rock !

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