Sans doute l’un des groupes de hip-hop les plus occupés (The Tonight Show with Jimmy Fallon, Wise Up Ghost et ?uestlove qui fonde une chaîne de poulet frit dans la dernière année), The Roots trouve quand même le moyen d’être fidèle à ses habitudes et fait paraître un troisième album en un peu moins de quatre ans. À la manière d’Undun, …And Then You Shoot Your Cousin est un album conceptuel, mais contrairement à son prédécesseur, celui-ci ne tourne pas autour d’un seul personnage, mais plutôt autour d’une panoplie de personnages. Selon Black Thought, ces différents personnages sont le prétexte pour une critique bien sentie de la présence de la violence dans le hip-hop américain.

Black Thought peut à tout le moins se dire mission accomplie en ce qui concerne cette critique. On en retrouve une dose non négligeable sur ATYSYC. The Roots se place en sens inverse d’une bonne partie de la communauté et de la culture hip-hop américaine où la violence, la drogue et la misogynie sont encensées. Black Thought y va même d’un constat particulièrement dur sur The Dark (Trinity): «Shoot them niggas making cash/Stick them niggas take their stash/The law of gravity meets, the law of averages/Ain’t no sense in attempting to civilize savages».

When The People Cheer, en plus de sa partition de piano intoxicante, affirme le ton d’ATYSYC, Black Thought y allant de rimes inspirées et rapides qui prouvent que le MC est en pleine forme. Par contre, pour le néophyte, ce point de vue passera sans doute inaperçu, puisque le groupe demeure musicalement tout en retenue. C’est en connaissant la démarche de la bande de Philadelphie qu’on vient à réellement comprendre le ton acerbe, mais justifié, que renferme les paroles de l’album.

Du côté musical, le nouvel opus est moins minimaliste que certaines pièces parues sur Undun. On est tout de même dans la même veine musicale, mais légèrement plus classique. The Roots puise dans un son typiquement new-yorkais pour créer celui d’ATYSYC. À ce titre, ?uestlove est comme d’habitude parfait au volant de la section rythmique.

Si on peut faire un seul reproche à The Roots sur ce nouvel album, c’est de ne pas pousser vers une nouvelle zone musicale. Fidèle à leur habitude, le groupe est rodé au quart de tour et les paroles sont loin d’être négligées. Par contre, ATYSYC ne réinvente pas le son de The Roots.

Enfin, un album réussi pour The Roots, qui prouve une nouvelle fois que ce groupe de hip-hop américain est à ranger dans une classe à part. Si vous ne connaissez pas du tout la formation de Philadelphie, ATYSYC est un bon point de départ pour s’immiscer dans leur discographie.

Ma note: 7/10

The Roots
…And Then You Shoot Your Cousin
Def Jam Records
34 minutes

theroots.com

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