Critiques

The Notwist

Close To The Glass

  • Sub Pop Records
  • 2014
  • 47 minutes
7,5

notwist-close-glassÀ la mi-novembre 2013, les disques Sub Pop annonçaient l’arrivée d’un nouveau membre dans leur écurie en présentant un bout de chanson sur Soundcloud. On invitait les fans à deviner de qui il s’agissait, en suggérant que le nouvel arrivant était déjà aimé de tous, et donnait au label encore plus de légitimité. La plupart des suggestions de réponses à la devinette penchaient pour Radiohead, Thom Yorke ou Atoms For Peace, mais il s’agissait en fait du groupe allemand The Notwist, qui pour bien du monde ne semblait pas à la hauteur de la description-mystère qu’en avait fait Sub Pop.

On pourrait pourtant argumenter que The Notwist est un des rares véritables pairs de Radiohead, ayant progressivement et très habilement ajouté des textures synthétiques à son rock de guitare, à l’origine lourdement influencé par Dinosaur Jr. et Sonic Youth. La culmination de cette rapide évolution est arrivée en 2002 avec le sublime album Neon Golden. Depuis, The Notwist s’en tient à ce judicieux cocktail de guitares et de samplers, laissant l’exploration vers d’autres styles aux nombreux projets musicaux parallèles de ses membres (Tied & Tickled Trio pour le jazz contemporain, 13 And God pour le hip hop expérimental, Lali Puna, Console et Ms John Soda pour l’indie électro).

Ce n’est que le deuxième album de The Notwist depuis Neon Golden, et d’entrée de jeu le groupe nous offre deux de ses pièces les plus synthétiques et les plus texturées à ce jour, Signals et Close To The Glass, donnant l’impression que les Allemands braquent cette fois vers l’accord singulier entre la voix triste de Marcus Acher et des constructions glaciales et imposantes de bruits synthétiques. Changement de cap total avec la troisième pièce, Kong, toute en guitares enjouées et en mélodies teintées d’espoir, dans un style qui rappelle Phoenix ayant engagé une des claviéristes de Stereolab.

Rien n’aura la même énergie pendant le reste de l’album, mais la troupe des frères Acher a développé une indéniable finesse dans ses arrangements. Les mélodies les plus lancinantes sont judicieusement accompagnées d’instrumentation délicate et de bruits cassants, comme dans les pièces Casino, Run Run Run et Steppin’ In; les chansons moins tristes se font donner un accompagnement plus punché, comme Kong et la MBV-esque 7 Hour Drive. Certaines chansons donnent l’impression de ne mener nulle part, mais The Notwist arrive à conjurer une subtile magie en pressant tout le jus que peuvent contenir quelques échantillonnages, comme dans la pièce Into Another Tune. Il faut cependant avouer que la fin de l’album est ratée, particulièrement l’interminable instrumentale Lineri, qui fait douloureusement sentir ses presque neuf minutes.

The Notwist a trouvé sa niche au fil des années et arrive encore à créer des moments magiques quand il s’y retranche. À l’instar de ses deux albums précédents, Close To The Glass est habilement ficelé et texturé, et intensément émotif malgré un faux pas ou deux. Sub Pop exagérait peut-être un peu son excitation, mais le label n’a pas tort d’être fier de son coup de filet.

Ma note : 7,5/10

The Notwist
Close To The Glass
Sub Pop
47 minutes

notwist.com/

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