Critiques

The National

I Am Easy to Find

  • 4AD
  • 2019
  • 64 minutes
7

On sent que The National a subi les vicissitudes du temps et heureusement, c’est pour le mieux. Ce que l’on reprochait au groupe sur certains points est maintenant chose du passé.

Les membres ont pris du recul et ça s’entend dans I Am Easy to Find. En travaillant avec des gens extérieurs au quintette habituel, à qui ils ont laissé énormément d’espace, ils se sont munis d’atouts favorables pour faire un opus qui en vaut l’écoute.

Célébrant cette année ses deux décennies au compteur, la formation en ait à son 8e album. I Am Easy to Find se forme d’une panoplie d’éléments du passé et du présent, donnant de l’unicité à l’album tout en lui reconnaissant des traits amplement familiers. On sait à quoi s’attendre, mais on se laisse quand même surprendre.

Tout comme dans leur précédent album, c’est le rythme qui dirige la voix et non pas le contraire. On sent à nouveau la richesse du travail des Dessner dans la structure des compositions musicales, autant que l’indéniable qualité rythmique des frères Devendorf qui savent tout faire dans les moments opportuns. Les poétiques paroles ainsi que la voix de Matt Berninger ne sont toutefois aucunement négligeables.

L’utilisation des instruments à cordes dans Oblivions, Hey Rosey et Not in Kansas est porteuse d’espoir, alors que le piano entendu dans Quiet Light, Roman Holiday et Hairpin Turns apaise. La batterie, plus agitée, amène du rythme et de la vie dans You Had Your Soul With You et The Pull of You. Tous ces éléments aident à diversifier les chansons qui malgré tout, manquent par moment un brin d’effervescence.  

The National laisse tomber un certain ego en allant chercher des influences extérieures, majoritairement auprès de femmes. Carin Besser, la femme de Matt Berninger, fait partie de ces influences qui ont grandement aidé à forger l’identité de I Am Easy to Find surtout au niveau des paroles. Une complicité émane de cette collaboration non seulement à travers ce qui est dit, mais également dans la relation que porte la voix de Berninger avec celles de Gail Ann Dorsey et de Sharon Van Etten. Un rendu plus accessible, plus intelligible. Ça permet, au travers de la voix de Berninger, de capter plus facilement l’essence des émotions véhiculées.

Comme dans toute chose, ce huitième opus doit être écouté plusieurs fois pour en comprendre ses subtilités. Petit bémol ici alors que l’album, qui dure plus d’une heure, laisse sporadiquement place à des passages monotones et interminables. Se référant à des sujets liés à l’idée de distance, de la nostalgie du passé, de réflexions sans fin et d’attentes, on tend parfois à vouloir décrocher pour ne pas se rendre trop malheureux. Heureusement, c’est loin de représenter l’ensemble d’un album aussi bien construit, autant dans son fond que dans sa forme.

Pour les fans incontestés du groupe, I Am Easy to Find est un album dont l’écoute en vaut la peine. Pour ceux qui viennent tout juste de les découvrir ou qui s’apprêtent à le faire, il faut se montrer patient pour réellement en apprécier son essence. Il témoigne d’une poignante évolution d’un groupe qui, même après vingt ans, semble loin d’avoir atteint son apogée créative.

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