The Men
Mercy
- 36 minutes
The Men. En plus d’utiliser une appellation assez générique, le groupe s’évertue depuis 10 ans à faire preuve d’une inconstance stylistique qui égare un bon nombre de mélomanes qui aimeraient bien les suivre et les aimer. Après avoir catapulté un brûlot noise-punk avec Leave Home (2011), Mark Perro et Nick Chiercozi enchaînaient avec l’excellent Open Your Heart (2012) et tournaient le volant à droite en plongeant dans le « heartland rock » à la Tom Petty avec New Moon (2013). Déjà, nous étions déconcertés.
Par la suite, la formation s’est perdue dans les méandres de sa créativité pour connaître un certain regain de vie avec l’abrasif Devil Music (2016), mais pour mieux retomber dans son tâtonnement sonore avec l’oubliable Drift (2018). Et en concert, ça ne s’est jamais arrangé. Probablement, l’un des groupes les moins « investis » qu’on a vus dans toute notre existence de mélomane. En spectacle, The Men est à peine plus stimulant qu’une tisane à la camomille… Une bande de « slackers » qui s’en fout probablement un peu trop.
Mais voilà, envers et contre tous, la formation originaire de Brooklyn, New York, récidive cette semaine avec un 8e album studio intitulé Mercy. Enregistré en direct avec très peu d’overdubs, le groupe nous propose un autre de ses disques qui oscillent entre le meilleur et le pire. Perro et Chiercozi explorent les territoires mille fois balisés du folk-rock, du country alternatif, du punk vieille école et même du pub rock façon Dire Straits. Mais justement n’est pas Mark Knopfler qui veut !
Ce périple musical sans vision et sans objectif précis débute avec Cold Water qui remémore de manière malhabile la scène folk-rock de Laurel Canyon; scène qui a connu son essor au cours des années 70 avec l’aide de productions minutieuses et magnifiquement réalisées… ce qui est loin d’être le cas avec cette pièce introductive.
Ensuite, The Men nous surprend avec un morceau de bravoure d’une durée de 10 minutes évoquant à la fois les chevauchées synthétiques de Ray Manzarek (The Doors) et Richard Wright (Pink Floyd) : la sublime Wading in Dirty Water. Après quoi, « nos hommes » se fourvoient en y allant d’une ballade pianistique frôlant l’amateurisme : Fallin’ Thru. La débâcle se poursuit avec l’imbuvable Children All Over the World; une sorte de hard-rock évoquant une mixture de Van Halen et… The War on Drugs !
Après l’oubliable Call the Dr., la formation reprend du tonus avec Breeze, comme si le bon vieux Neil Young délaissait Crazy Horse pour « jammer » avec les Buzzcocks. Et ce Mercy, parfaitement en dent-de-scie, se conclut avec l’introspective et confidentielle pièce titre. On lève la tête, non sans ressentir une certaine émotion, à l’écoute de cette perle :
« I am just like all the rest
I need mercy at the hour of my death »
– Mercy
Que dire qui n’a pas déjà été dit au sujet de ce groupe détenant un potentiel indéniable, mais incapable de s’extirper de ses mauvaises habitudes ? C’est un disque de The Men avec tout ce que cela comporte de meilleur et de pire. À vous de choisir ce qui vous convient !