The Hives
The Death of Randy Fitzsimmons
- The Hives AB
- 2023
- 32 minutes
Le rock ’n’ roll joué avec sérieux peut être franchement emmerdant surtout lorsqu’il est bourré de bons sentiments, de prêchi-prêcha et de bien-pensance. Et dans une ère où il faut en toutes circonstances « penser droit », un album rock à la fois grinçant, rassembleur et juvénile est plus que le bienvenu.
Depuis 1997, la formation The Hives s’évertue, avec succès, à insuffler un peu d’adolescence à un genre qui se prend parfois beaucoup trop au sérieux. Dans le passé, le groupe mené par le charismatique Howlin’ Pelle Almqvist a péché lui aussi par un excès d’ambition, particulièrement lors de la dernière aventure studio de la formation. Lex Hives (2007) — un long format trop lisse — était plombé par un fort déficit de juvénilité.
Après 11 ans d’absence sur disque, The Hives est de retour avec The Death of Randy Fitzsimmons. Ce personnage créé de toute pièce par Almqvist est considéré comme le sixième membre de la formation. Il serait même celui qui serait derrière l’inspiration compositionnelle du groupe…
Dans le communiqué de presse annonciateur de la venue de l’album, Almqvist dévoilait subtilement les intentions créatives de la formation : « Le rock ‘n’ roll ne peut pas grandir. C’est un adolescent perpétuel ». Affirmation avec laquelle l’auteur de ces lignes est en parfait accord.
Réalisé par le propret Patrik Berger (Lana Del Rey, Robyn), The Death of Randy Fitzsimmons aurait pu souffrir du vernis sonore laquée que le réalisateur aime bien appliquer aux albums qu’il réalise. Or, la contribution de Berger vient étonnamment accentuer la force de frappe des Hives. Pour une pièce « électro-rock » plus ou moins réussie comme What Did I Ever Do to You ?, les Suédois mettent le feu aux poudres avec des morceaux incendiaires parfaitement respectueux du punk-garage qui a fait leur renommée.
Les quatre premières pièces, entre autres, sont jouées à fond la caisse. Le riff principal dans Bogus Operandi est imparable, Trapdoor Solution est frénétique, Countdown to Shutdown est une vraie bombe rock et Rigor Mortis Radio est accrocheuse. On pense à I Fought the Law des Clash en écoutant Smoke & Mirrors et Crash into the Weekend recèle de subtils ascendants country-punk. The Bomb et Step Out of the Way sont du Hives pur jus !
En fait, si ce sixième album studio du quintette célèbre la mise à mort de Randy Fitzsimmons, il est loin de constituer l’extinction du groupe. Ces chansons dépouillées d’artifices ne réinventent absolument rien, mais font du bien pour celui ou celle qui aime son rock lorsqu’il est en mode festif.
Dans une époque qui carbure à l’instabilité et à la réinvention perpétuelle, être pertinent tout en demeurant fidèle à ses valeurs mérite d’être salué avec enthousiasme. The Hives nous rappelle que la crédibilité du rock ‘n’ roll réside dans sa simplicité.
The Death of Randy Fitzsimmons est le party rock de l’été en cours.