Taylor Swift
The Life of a Showgirl
- Indépendant
- 2025
- 42 minutes
Après les débats sur « Est-ce qu’il y a un génocide à Gaza? », « Est-ce que Trump est un vieux raciste à côté de la track? » et « Est-ce que la poutine vient de Victoriaville ou Drummondville? », le débat qui semble le plus animer les passions est Taylor Swift. Après tout, peu d’artistes peuvent se vanter d’avoir des fans aussi motivés, que leurs comportements soient criminels ou non. On n’oublie pas qu’une critique de Pitchfork a déjà été menacée de mort pour un 8 sur 10. Est-ce que je suis nerveux avant d’écrire ces lignes? Pas vraiment. Pas mal sûr que TayTay ne lit pas le français. En tout cas, j’espère.
Que dire de Life of a Showgirl? C’est un album de pop radiophonique assez standard qui a sa part de succès qui fera plaisir aux programmateurs qui ne se posent pas trop de questions. Il y a des rythmes entraînants, des arrangements de première qualité, des mélodies vocales puissantes et des instrumentations convaincantes. C’est très conservateur, par contre. On est loin de ce qui est proposé par Charli XCX (je fais exprès) ou encore Caroline Polachek.
Commençons avec le meilleur de Life of a Showgirl : Elizabeth Taylor. Voilà une pièce qui est une leçon de pop. Des paroles profondes, une trame efficace, des textures sonores intéressantes et une mélodie puissante. C’est Taylor Swift à son meilleur. À mon sens, ça se compare à ses plus grands succès, comme Shake it Off. La chanson-titre, en duo avec Sabrina Carpenter est faite sur mesure pour les performances des Oscars ou des Grammys et s’y retrouvera sans doute.
Bon, maintenant, il faut se parler des paroles. Parce que ça devient bizarre rapidement. Il y a les affaires un peu étranges, comme son interprétation inversée d’Ophélie dans Hamlet avec The Fate of Ophelia. C’est bizarre, parce que ça donne l’impression qu’elle excuse Hamlet, comme s’il la sauvait, alors que Hamlet, par son jeu (ou non) de folie, pousse plutôt Ophélie au suicide. Il y a beaucoup d’enjeux de santé mentale mélangés avec les pressions de la monarchie et ses règles absolument bizarres (on salue tous ces cousins qui se mariaient). Mais on peut lui donner le bénéfice du doute, c’est peut-être une recherche postmoderne artistique.
I heard you call me « Boring Barbie » when the coke’s got you brave
High-fived my ex and then you said you’re glad he ghosted me
Wrote me a song saying it makes you sick to see my face
Some people might be offended
— Actually Romantic
Ensuite, Father Figure, selon certains, serait basé sur sa relation avec Scott Borchetta qui était son agent au début de sa carrière. C’est bizarre à bien des moments, notamment lorsqu’elle parle qu’elle a plus gros pénis que le diable (on va revenir à Taylor et les parties génitales tantôt)… c’est au mieux maladroit et au pire, juste bizarre. Actually Romantic a fait couler beaucoup d’encres parce que ça semble une diss track dirigée vers Charli XCX, alors que Taylor Swift semble dire que c’est hommage. Bon… honnêtement, ça semble quand même être une pièce revancharde et un peu puérile.
Mais creusons vers le plus bizarre.
Good thing I like my friends cancelled
I like ’em cloaked in Gucci and in scandal
Like my whiskey sour, and poison thorny flowers
Welcome to my underworld where it gets quite dark
At least you know exactly who your friends are
They’re the ones with matching scars
— CANCELLED!
Fait que Taylor Swift, qui était supposé la grande féministe, est soudainement du bord de ceux qui ont été cancellés. Vraiment? C’est bizarre. Peut-être aussi que tout ça a été écrit pour des femmes de droites qui lichent les foufounes du président, mais même ça, c’est quand même décevant. Ça donne plus l’impression qu’elle dit : « mon chum Epstein, c’était un bon gars. OK, vous ne le connaissez pas comme moi! » Je caricature, mais vous comprenez que c’est quand même étrange comme prise de position. Mais bon… on sait tous où je m’en allais avec mes skis…