Taylor Swift
Evermore
- Republic Records
- 2020
- 61 minutes
À peine cinq mois après avoir lancé le surprenant Folklore, Taylor Swift lançait deux semaines avant Noël Evermore, en utilisant le même modus operandi. Annoncé quelques heures avant sa sortie, Evermore se veut un album qui poursuit l’exploration folk et rock du précédent. On y retrouve sensiblement les mêmes collaborateurs : Aaron Dessner est partout sur l’album et y sont aussi présents Jack Antonoff, Bon Iver et William Bowery.
Le grand défaut de Folklore était les nombreuses pièces qui se rapprochaient beaucoup trop de la facture musicale et vocale de Lana Del Rey. Ce n’est pas étranger à la présence d’Antonoff, qui est un collaborateur important de Del Rey. Cette fois-ci, on retrouve une Taylor Swift qui se ressemble davantage, mais avec tout le génie musical de Dessner derrière la composition et l’écriture. Les pièces sont toutes co-écrites (à l’exception d’un titre) par la paire Dessner et Swift.
Honnêtement, c’est un disque fort agréable qui nous offre quelques très bonnes chansons. Dès la première piste, Willow, ça part en lion. Le finger picking mélodieux a du mordant, alors que la voix ronde et posée de Swift s’impose doucement. Le refrain dérive dans des tons vocaux plus aigus et ce contraste est payant pour l’Américaine.
Contrairement aux précédents albums, le rock s’y fait plus sentir. À cet effet, ’tis the Damn Season est un bel exemple. On y retrouve une mélancolie intéressante et il faut dire que Swift se débrouille très bien à l’interprétation des chansons. Du côté des pièces entraînantes, Long Story Short frappe aussi dans le mile avec sa mélodie efficace.
Quelques duos prennent place sur Evermore. Le trio de sœurs Haim rejoint Swift pour une pièce plutôt efficace : No Body, No Crime. The National au complet la rejoint pour la pertinente Coney Island. Swift et The National vont bien ensemble, c’est un mariage qui sert les deux artistes. Un mariage surprenant, mais où la mayonnaise prend. Finalement, la pièce-titre de l’album, qui clôt celui-ci, est un duo avec Bon Iver. Une pièce qui s’inspire de ce que Justin Vernon explore déjà dans son projet à lui, mais avec un côté plus pop que Swift maîtrise à merveille.
Ce qui fait d’Evermore un album supérieur à Folklore est qu’on retrouve davantage la personnalité de Swift. Ici, non seulement ses qualités de chanteuses et de mélodistes sont mises de l’avant, mais le côté musical est pris en charge par Aaron Dessner qui a trouvé le ton parfait pour elle. Ils forment une équipe de composition et d’enregistrement solide. Dans tous les cas, on pourra dire que cette année 2020, sans tournées, aura donné le temps à Taylor Swift d’accoucher de deux albums avec une facture drastiquement différente de ce qu’elle fait en temps normal. Ce n’est pas rien!