Critiques

all bets are off

Tamar Aphek

All Bets are Off

  • EXAG' Records / Kill Rock Stars
  • 2021
  • 35 minutes
8
Le meilleur de lca

Tamar Aphek, qui avait fait paraître deux EP en 2014 et en 2016, nous offre cette année un album de 9 chansons qui courent sur 34 minutes. Et il n’y a pas à dire, pour un premier album, c’est franchement réussi.

Tamar Aphek, c’est la simplicité d’un trio formé de la guitariste/chanteuse du même nom, du bassiste Or Dromi et du batteur David Gorensteyn. Cela dit, simplicité n’est pas synonyme de légèreté : Tamar Aphek, c’est aussi la versatilité et la puissance de musiciens hors pair qui savent créer des ambiances sonores riches, à la fois classiques et exploratoires.

L’album s’ouvre sur Crossbow, une pièce explosive qui accroche instantanément par son rythme endiablé et qui se clôt sur une envolée de guitare d’Aphek annonçant l’abrasive Russian Winter qui suivra. Si les deux premiers morceaux lancent le repas sur la table sans mettre de gants blancs, le reste de l’album propose des chansons un peu moins échevelées, mais tout aussi captivantes. Pas surprenant que le trio ait participé à la création de la bande sonore du film israélien Une semaine et un jour en 2016; sa musique est foncièrement cinématographique, particulièrement les pièces planantes comme Show Me Your Pretty Side, une ballade inquiétante où un sax mielleux appuie la voix d’Aphek; une langueur de bitume fumant après la pluie, une nuit d’été. Dans Drive, 5e pièce du disque, le groupe n’hésite pas à nous entraîner dans une longue dérive instrumentale où le jeu de guitare hypnotique de Tamar Aphek se mesure à la batterie galopante et à la basse pulsante de ses acolytes. Le pouvoir d’évocation de leurs compositions est incontestable et vraiment saisissant dans certaines pièces comme All I Know où le clavier et la guitare aux lignes simples et mélodiques nous plongent dans un voyage épique et rêveur.

Si l’album procure une écoute vraiment satisfaisante, c’est évidemment grâce à l’inventivité des compositions et à la versatilité de ses interprètes qui naviguent avec aisance entre le rock, le jazz et les clins d’œil à divers styles, mais c’est aussi grâce à la voix d’Aphek. Grave et feutrée, sans toutefois miser sur une précision absolue, la dégaine à la fois désinvolte et mélodieuse de la chanteuse n’a pas son pareil pour nous envelopper avant de nous lancer dans la frénésie, tantôt lourde tantôt aérienne, de ses prouesses guitaristiques. L’album a été enregistré au légendaire studio Daptone Records, et vu la qualité de la proposition, ce n’était qu’une question de temps avant qu’une maison de disques de la trempe de Kill Rock Stars prenne la formation sous son aile.

L’album se termine sur une note romantique avec une reprise d’As Time Goes By, pièce mythique de Dooley Wilson popularisée par le classique hollywoodien Casablanca. Aphek se la réapproprie justement en misant sur des effets donnant l’impression qu’il s’agit d’une chanson enregistrée à une autre époque. Ce faisant, elle nous ramène à la magie des choses du passé, des images et désirs d’une autre époque qui continuent de nous tourner autour qu’on le veuille ou non.

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