Critiques

Slayer

Repentless

  • Elektra / Warner Bros. Records
  • 2015
  • 50 minutes
7,5

SlayerJ’ai vécu une peine d’amour une fois dans ma vie. Mois de novembre. Ma blonde claque la porte de notre appartement pour prendre un break qui dure encore à ce jour. Pendant ce temps-là, je rushe comme un malade et je décide de me payer une petite cure. Je prends l’argent que j’avais mis de côté pour son cadeau de Noël et je m’achète le coffret vinyle de Slayer. Chaque fois qu’elle revenait à la maison chercher des trucs, Raining Blood jouait assez fort pour empêcher toute communication entre nous deux, mais aussi assez fort pour m’empêcher de sombrer dans la dépression la plus profonde.

Slayer, c’est de la musique qui te botte le cul. C’est le band qui m’a aidé à traverser chaque événement poche de ma vie en montrant les dents et «en flippant le bird»! Pour moi, c’est le groupe le plus important des années 80 et contrairement à ce que mon père me disait quand j’avais 13 ans, mon amour pour le quatuor de Californie n’a jamais diminué.

Parlant d’étapes difficiles, Kerry King et Tom Araya, ont dû passer à travers une succession de platitudes avant de mettre ce Repentless au monde. D’abord, le décès du compositeur le plus prolifique du groupe, Jeff Hanneman, survenu en mai 2013, puis le départ acrimonieux du batteur le plus influent de l’histoire du métal: Dave Lombardo.

C’est donc essentiellement en duo que King et le père Araya ont dû recharger la machine à tuer. Gary Holt de Exodus officie désormais à titre de deuxième guitariste (mais il n’a pas contribué aux compositions) et Paul Bostaph est de retour derrière les fûts après avoir remplacé Lombardo pendant presque toutes les années 1990.

Je ne vous mentirai pas en vous disant que je m’attendais au pire, Kerry King figurant au bas de la liste de mes membres de Slayer favoris. Heureusement, il s’imprègne ici de la passion de Jeff pour le punk hardcore et il arrive par le fait même à sauver l’esprit de Slayer. Le fantôme du défunt guitariste demeure très présent à travers Piano Wire (pièce qu’il a écrite) mais aussi grâce aux trois dernières pièces de l’album qui suivent le ton donné par la toune à Jeff pour ne jamais ralentir.

Côté batterie, on effectue évidemment un retour au Slayer des années 1990 grâce aux assauts pleins de grooves de Bostaph. Rappelons-nous que la plupart des albums auxquels il a participé sont quand même de très bons disques. Diabolus In Musica est le seul vrai faux pas de la discographie du quatuor. C’est une excellente moyenne si on les compare à leurs collègues faisant partie des quatre plus grands noms du trash metal: Metallica (plus de mauvais disques que de bons, à date), Megadeth (souvenez-vous de Risk, Youthanasia et le plus récent Super Collider, aaarkk!) et Anthrax (quelqu’un se retaperait Stomp 442 et Volume 8?).

Bref, je suis soulagé de vous annoncer que l’honneur est sauf. Ce n’est probablement pas l’album que j’écouterai quand j’aurai le goût d’un vrai bon Slayer, mais c’est une conclusion acceptable si le groupe décide d’en finir là. On s’ennuie d’entendre la guitare de Hanneman s’obstiner avec celle de King comme deux mégères hystériques bourrées de speed à chaque chanson, mais South Of Heaven, Raining Blood, Hell Awaits et les autres sont encore là pour nous permettre de revivre ça. Tel est le miracle de la musique enregistrée.

Ma note: 7,5/10

Slayer
Repentless
Elektra/Warner
50 minutes

http://www.slayer.net

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