Shame
Cutthroat
- Dead Oceans
- 2025
- 37 minutes
it’s not about «Poor me». It’s about «Fuck you».
C’est ainsi que Shame explique ses intentions sur Cutthroat, le quatrième album de la formation rock anglaise. Avec régularité, la formation lance des albums depuis ses débuts sur Songs of Praise en 2018. D’abord classé dans la vague post-punk anglaise de la fin des 2010, Shame a démontré, à l’instar des autres groupes de cette vague, que le spectre sonore de ses créations va au-delà du post-punk. On est vraiment plus dans le rock alternatif, bien que l’attitude derrière le projet a toujours été punk. On peut dire que son identité reste intouchée sur Cutthroat.
Shame poursuit dans sa curiosité pour les nouvelles sonorités en trouvant le moyen de ne pas se répéter sur Cutthroat. Que ce soit avec des pièces plus musclées comme Nothing Better qui y va de guitares grinçantes avec une grosse basse et une ambiance dynamique en général ou encore avec des pièces un peu plus mélodieuses et posées comme Spartak. Ça demeure que, même dans leurs moments moins excités, Shame est dans le territoire du rock.
Les paroles cyniques et critiques de la société sont de nouveau au rendez-vous. C’est particulièrement vrai sur Cowards Around :
Cowards are people who don’t watch TV
Cowards are members of parliament
Cowards are people who serve food without garnishing
Cowards are people who give you the sharps
Cowards are people who don’t share drugs
— Cowards Around
Le tout est servi avec sur une pièce musclée qui laisse de côté la garniture, mais ne lésine pas sur la viande. C’est aussi vrai sur la réussie To and Fro avec son refrain absolument intoxicant qui offre un des meilleurs riffs de l’album. C’est à la fois simple, mélodieux et juste assez décalé pour ne pas offusquer les fans de la première heure.
Shame se fait aussi dansant sur After Party, une pièce qui mise sur une bonne mélodie et quelques sonorités plus bruyantes. C’est aussi pour la pièce qui termine l’album en sa compagnie : Axis of Evil. La pièce a des petits côté dance-punk avec de grosses guitares qui revolent dans les écouteurs. Il y a quelque chose de flasque et de serré à la fois dans les riffs pendant que Charlie Steen se prend pour Matt Berninger le temps d’une chanson.
En écoutant les albums de Shame, j’ai encore l’impression d’entendre un groupe qui a décidé de faire un grand voyage musical plutôt qu’une évolution, à proprement dit. C’est plutôt une aventure qui surprend par ses choix et qui conserve suffisamment de ce qu’on aimait pour qu’on se sente à la maison. Un bon record qui va certainement rythmer une partie de l’automne.