Critiques

Sébastien Lafleur

L’album de boue

  • Quartier Général
  • 2021
  • 41 minutes
6,5

Sébastien Lafleur est l’un des auteurs-compositeurs-interprètes québécois parmi les plus sous-estimés. Il a le don de composer des chansons de pop-rock aux mélodies aussi fines qu’anormales. Il est doué. Il l’avait prouvé avec son précédent : L’album de vent.

Sur L’album de boue, Lafleur termine un cycle des éléments qui avait été lancé avec L’album mouillé en 2006. En fait, pour être plus précis, il avait commencé ça le 6 juin 2006. Vous savez, le 6 du 6 du 6. Pour terminer, il propose un album où le mystique détient une certaine place dans les paroles, mais aussi dans l’instrumentation qui compte sur un thérémine, les ondes Martenot et autres instruments aux sonorités magiques.

On retrouve à la réalisation Navet Confit, son acolyte de création depuis les débuts. Il partage la tâche avec Lafleur et David Méliès de Coco Méliès. Une équipe solide de musiciens ont mis la main à la pâte de l’album Daniel Áñez, Thorwald Jørgensen, Sheenah Ko, mais surtout Joëlle Saint-Pierre qui prête son vibraphone et sa voix. Cette dernière assure le succès de la magnifique Dahlia alors que les voix de Lafleur et Saint-Pierre s’entrecroisent doucement.

D’ailleurs, les pièces marquantes de l’album sont très fortes. Nelly Marcotte, cette histoire qui sent le cuir, où un chœur féminin nous envoie un excellent refrain qui reste dans notre mémoire après l’écoute. En opposition, la voix de Lafleur légèrement langoureuse glisse à travers la composition avec aisance. La douce Ma tronche touche aussi les bonnes cordes avec sa mélodie particulière. C’est le plus grand talent de Lafleur : offrir des mélodies atypiques qui fonctionnent à chaque fois.

Puis, à un certain moment, on s’enlise. À partir de Journée sans boue, on tombe dans des compositions cryptiques, au ton complètement différent de ce qui était mis de l’avant sur la première moitié de l’album. C’est un peu étrange. Comme si l’on avait collé deux EP aux tons différents pour en faire un album. Ce changement total de direction s’explique mal puisque même les paroles ne donnent pas d’indices sur ce qui s’est passé. La tireuse de cartes, dernière chanson de l’album, nous offre tout de même une certaine conclusion par rapport au cycle.

L’album de boue est bizarre, mais pas inintéressant et offre une bonne dose d’excellentes chansons dans sa première moitié. Sur la deuxième moitié, ce sont des chemins plus sinueux et expérimentaux qui vous attendent. Peut-être qu’une formule double EP aurait été plus juste pour ces compositions? N’en demeure pas moins que Dahlia, Nelly Marcotte et tous ces autres personnages risquent de vous hanter.

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