Critiques

Sam Roberts Band

All Of Us

  • Known Accomplice / Secret Weapon
  • 2020
  • 38 minutes
6,5

Avant même qu’on apprenne que Sam Roberts était de retour en studio pour préparer ce qui deviendrait All Of Us, je me disais que ce septième album serait celui de la croisée des chemins. 

Après six disques à sa fiche, le Montréalais en a livré trois très bons – qui sont devenus avec les années des classiques du rock canadien – et trois exercices de style tout à fait oubliables.

Là où le bât blesse, c’est que ces trois bons albums, c’était les trois premiers : We Were Born In a Flame (2003), Chemical City (2005) et Love at the End of the World (2008).

OK, mais c’est quoi le problème avec les trois autres? Collider (2011), Lo-Fantasy (2014) et TerraForm (2017) souffrent tous trois de choix de réalisation discutables et d’un songwriting au mieux mièvre, désincarné au pire. 

Et All Of Us dans tout ça? Ce n’est pas l’album inspiré attendu, même si cette fois-ci, la réalisation de Gus Van Go est en phase avec le son que l’on attend d’un album de Roberts. Match nul donc. 

Exit les cuivres, le minimalisme et le bidouillage électronique. On est résolument en territoire pop-rock ici, à l’exception du titre d’ouverture, Wolf Tracks, et de son instrumentation synthétique. Drôle de choix artistique d’ailleurs que d’amorcer un album avec des sonorités qu’on n’entendra plus par la suite.

Heureusement, War Chest suit de belle façon. Voilà une pièce qui aurait pu se retrouver sur un album de Roberts avant 2010. Les mélodies rappellent Bridges to Nowhere, mais avec une douceur et une maturité propre à l’approche de Love at the End of the World

Avec la rythmée Ascension, Sam Roberts s’est assuré d’une bonne rotation à CHOM FM. Formule carrée, refrain fédérateur et juste ce qu’il faut d’énergie rock: ça demeure une équation qui opère même après plus de 60 ans de rock n’ roll.

Spellbound est une jolie chanson acoustique, Youth rappelle le son des amis des Stills et Take Me Away est une réminiscence du Sam Roberts que j’ai tant aimé et écouté adolescent. 

Malheureusement, I Like the Way You Talk About The Future, morceau groove aux accents ska, et Ghost Town sont deux pièces oubliables. Sur un album qui n’en compte que neuf, c’est décevant. 

Bref, All Of Us est un retour satisfaisant pour le rockeur montréalais: voilà un disque somme toute cohérent et bien équilibré avec de belles mélodies et des refrains dégourdis. Malheureusement, les textes sont trop souvent convenus sur des compositions qui le sont elles aussi parfois. On en aurait demandé davantage… tsé surtout qu’on sait de quoi Roberts est (était?) capable.