Röyksopp
The Inevitable End
- Arts & Crafts / Dog Triumph
- 2014
- 62 minutes
Il y a quelque chose de spécial lorsqu’en tant que groupe, les artistes sont en mesure d’annoncer leur mort, soit le dernier album de leur machine créative. Exercice périlleux s’il en est un? Assurément. Également, quel type d’héritage désireront-ils laisser? Voudront-ils résumer leur carrière? Voudront-ils pousser les barrières ou désireront-ils répéter leur recette?
The Inevitable End fera des jaloux dans la confrérie artistique et musicale, car bien que cette fin est inévitable, on assiste à un grand moment magnifiquement préparé. Röyksopp y va de grandes pièces agissant comme de beaux clins d’œil à leur œuvre ainsi que d’autres titres pouvant devenir de futurs classiques. Une chose est certaine, cette œuvre est pensée et peaufinée jusque dans les moindres détails. Röyksopp disait récemment que ce n’était pas nécessairement la fin du duo, mais assurément la fin en format album. Disons que ce médium est très bien maîtrisé par le tandem. L’ordre des pièces est au cœur de la jouissive expérience de The Inevitable End.
L’album démarre en trombe avec l’intense Skulls. Vocodeur, synthétiseurs à l’avant-plan, nos comparses mettent très bien la table. Suit, Monument et ça marque le retour de la muse Robyn avec sa voix qui cadre toujours aussi bien dans le son de Röyksopp. Filent ensuite, entre autres, la planante et sulfureuse Sordid Affair (dans la lignée des grandes pièces de Röyksopp), la mécanique et suave Save Me ainsi qu’une Rong, plaintive à souhait, nous susurrant à l’oreille «what the fuck is wrong with you». Bref, on notera une succession de pièces mélancoliques, mais toutes aussi prenantes et intenses telles que la grande finale comprenant Coup de Grâce et Thank You. Il y a plusieurs années déjà, je songeais à comment la pop devait sonner… et voilà exactement le résultat!
Karin Elisabeth Dreijer Andersson (alias Fever Ray) et Lykke Li sont les grandes manquantes sur ce dernier opus, mais on se doit d’admettre que les voix invitées ont tous bien leurs places. Au-delà de la muse Robyn, les performances de Susanne Sundfør sur la grandiose Running To The Sea, de Jamie McDermott sur la nostalgique You Know I Have To Go ainsi que Ryan James sur la superbe Here She Comes Again sont parfaites.
Rarement aurons-nous assisté à une conclusion si belle d’un groupe marquant. Grande œuvre musicale, plus particulièrement pour les fans de musique électronique à tendance pop. Bel héritage que ce The Inevitable End. Encore une fois, la Scandinavie prouve, tant au niveau du design qu’au niveau musical, qu’elle sait habilement se démarquer aux yeux du reste de la planète. Röyksopp réalise tout simplement un tour de force!
Ma note: 8,5/10
Royksopp
The Inevitable End
Dog Triumph/Arts & Crafts
62 minutes
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