Critiques

Reno McCarthy

Run up River

  • Balustrade
  • 2021
  • 34 minutes
7

Reno McCarthy a fait paraître son second album, Run up River, deux ans après avoir lancé l’album Counterglow et un an après avoir sorti l’EP Angels Watching Us Dance. Si le premier proposait une électro-pop lumineuse fort appréciable, le second, plus sombre, faisait dans le folk, fortement inspiré par le décès de son père.

Run up River donne l’impression qu’il est le frère du milieu. Il emprunte musicalement à la fois à Counterglow et en même temps à Angels Watching Us Dance. La moitié de l’album est constitué de bonnes pièces électro-pop qui donnent envie de vivre, de prendre sa voiture et de rouler jusqu’au bout du monde avec ses amis. L’autre moitié donne envie de s’asseoir, de regarder les étoiles, et de se poser des questions sur sa vie. 

La réalisation a été assurée par Reno McCarthy lui-même et son ami Arthur Bourdon-Durocher avec qui il a créé le groupe Conifère, dont le premier EP a paru en février 2021. On retrouve aussi des collaborations de Jesse MacCormack et de Patrice Pruneau à la réalisation.

Run up River sonne un peu comme l’ami rigolo qui essaie toujours de draguer sans succès dans les bars et qui s’ouvre finalement sur sa solitude et sa tristesse. La première partie de l’album est dansante, plutôt ensoleillée. Pour la seconde moitié, on tombe dans des chansons plus mélancoliques, qui nous plongent (enfin!) au cœur de l’artiste. Plus les pièces s’adoucissent, plus les textes raccourcissent. Comme si l’artiste n’avait plus envie de jouer avec les mots, qu’il voulait y aller directement, sans passer par quatre chemins.

C’est la pièce June qui marque ce changement d’ambiance drastique, mais agréable. Comme il s’agit de la pièce du milieu, on peut le voir comme s’il avait essayé de se montrer fort toute la première moitié de l’album, et qu’avec cette chanson, Reno McCarthy laisse finalement paraître sa vulnérabilité. 

Côté textes, Reno McCarthy s’est laissé inspirer par les relations amoureuses. « La plupart des pièces traitent d’amour et de désir, mais tendent à se concentrer davantage sur le revers de ces sujets habituellement dépeints de manière positive, par exemple l’obsession, la peur de l’intimité et l’anxiété », explique l’artiste. L’objectif est atteint. Une pièce comme Selfish aborde l’amour fusionnel, même si on se doute que ça risque de ne pas durer alors qu’une autre comme Nothing More, Nothing Less aborde plutôt le sentiment de trahison qui brise quelque chose, malgré ce que l’autre nous fait ressentir.

We’ve had this talk before
Go on
I don’t believe you dear
And run
There’s no place that I wish I’d gone
And let you get away
I want nothing less and nothing more

Nothing Less, Nothing More

Finalement, l’album se clôt sur la très belle Century Gothic. Avec cette dernière, c’est comme si Reno McCarthy voyait enfin la lumière après toutes ces histoires d’amour compliquées. Comme si on l’avait suivi tout au long de l’album à essayer d’aimer et de se remettre des démons de son passé qui lui compliquent la tâche. Cette pièce est comme un appel à mettre tous les efforts nécessaires pour qu’une relation amoureuse fonctionne. 

Bref, Run up River offre une série de dix tableaux bien réussis et bien ficelés par l’artiste de DIY Reno McCarthy. N’hésitez plus et sautez dans la rivière : l’eau est bonne.

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