Richard Reed Parry
Quiet River of Dust Vol. 2 : That Side of the River
- Secret City Records
- 2019
- 44 minutes
Les œuvres en deux volets peuvent s’avérer une arme à double tranchant. Parfois, le premier tome crée des attentes que le second n’arrive pas à combler. Les deux doivent aussi pouvoir vivre l’un sans l’autre tout en formant un tout. C’est ainsi que Richard Reed Parry lançait récemment la suite de son album Quiet River of Dust, paru en septembre dernier. Comment allait-elle se comparer au chapitre initial?
D’abord, sur le plan de la cohérence, Parry peut dire mission accomplie. Le multi-instrumentiste et membre d’Arcade Fire signe ici un album qui s’avère une suite tout à fait logique au premier volume. On reste dans le même registre planant et atmosphérique, quelque part entre le psychédélisme ambiant et un petit côté nouvel-âge qui ne plaira pas nécessairement à tout le monde. C’est de la musique qui prend son temps et qui invite à l’introspection, comme sur la longue Where Did I Go, où les sonorités semblent nous provenir des fonds marins, tandis que Parry se remémore son enfance et la mort de son père alors qu’il n’était âgé que de 17 ans.
La thématique aquatique est encore présente sur ce deuxième chapitre, auquel Parry a donné le sous-titre That Side of the River. D’abord dans les textures et le traitement des instruments, mais aussi dans les textes qui jouent sur les métaphores comme les vagues, le courant ou les marées. La musique elle-même semble se mouvoir à la manière d’une rivière. C’est le cas sur la délicate Heaeven for Meg, où les arpèges de guitare s’écoulent doucement. À d’autres moments, c’est le traitement électronique des sons qui renvoie au thème de l’eau, comme sur Lost in the Waves.
Si Quiet River of Dust Vol. 1 se caractérisait par une influence marquée des grands noms de la chanson folk britannique comme Bert Jansch ou Nick Drake, on sent que Parry a voulu s’abreuver à d’autres sources ici. En fait, s’il y a un aspect sur lequel ce deuxième tome se démarque du premier, c’est dans la puissance des orchestrations et les montées d’intensité. Le côté folk est encore très présent bien sûr, sauf qu’il est apprêté de façon à rappeler le travail d’un Sufjan Stevens, par exemple. La chanson In a Moment en fournit une illustration particulièrement éloquente, elle qui commence à la manière d’une complainte intimiste, avec de délicates harmonies vocales fournies par Dallas Good des Sadies, pour se terminer en un puissant crescendo.
Ce deuxième volume me semble aussi très influencé, consciemment ou non, par le travail de Mike Oldfield, et en particulier son album Ommadawn, paru en 1975. Sur ce disque, le créateur de Tubular Bells avait opté pour une instrumentation différente, intégrant notamment des éléments de musique celtique et des percussions africaines pour une facture beaucoup plus folk que rock, finalement. Je ne sais pas si Parry est familier avec cet album, mais des morceaux comme The Fiddlers Play, Throw a Cup of Water ou Long Way Back me laisse présager une certaine filiation dans cette symbiose réussie entre folk, musique du monde et rock symphonique.
Parce qu’il me semble plus direct, plus concis aussi dans les idées et plus ambitieux dans ses climax, ce deuxième volume de Quiet River of Dust pourrait rallier ceux et celles qui avaient trouvé le premier tome un brin trop ésotérique à leur goût. Ça ne veut pas dire que Parry évite tous les écueils sur sa route. Il y a encore des longueurs, particulièrement en milieu d’album, et certains passages s’avèrent encore un peu trop vaporeux. Mais rien qui ne vienne gâcher notre expérience d’écoute.