Critiques

Princess Nokia

Everything Is Beautiful

  • Indépendant
  • 2020
  • 32 minutes
7,5

Il faut une certaine insouciance, voir arrogance pour dire que tout est merveilleux, pourtant Princess Nokia l’affirme : Everything is Beautiful. Voilà le projet, reflet d’Everything Sucks, autre moitié de ce double album lancé en février. Des thématiques qui s’opposent de manière exagérée. De vraies caricatures à voir les deux pochettes. Loin d’être simplistes, la vingtaine de chansons est d’une cohérence qui donne le goût d’y retourner sans cesse.

Vivre la belle vie, ça semble simple en écoutant Everything is Beautiful, suffit d’un rythme qui pourrait être utilisé pour une sitcom des années 90  (Green Eggs & Ham) et une attitude baveuse dans Sugar Honey Ice Tea. Essayez de vous empêcher de danser avec nonchalance en écoutant Wavy. Aucun bassin ne peut y résister. Aucun. Au final, le bonheur se révèle dans la nostalgie d’un souvenir d’enfance joyeux ou alors dans la joie d’avoir passé au travers d’épreuves passées.

« I look like my mama in the 1980’s
If I been bad, well, please forgive me
I remember when my granny used to hit me
Public school and two Thanksgivings
Purple corduroys with the matching ribbon
Lil’ puffy jacket and the T-shirt gilded »

Green Eggs & Ham

Comme dans Everything Sucks, Nokia nous prouve à de nombreuses reprises qu’il faut porter attention à ses lignes, elle y cache des petites bombes qui transforment le sens de ses textes. Particulièrement, sur Everything is Beautiful les moments où Nokia semble plus incertaine ou en difficulté contrastent avec violence avec le positivisme que la plupart des chansons dégagent. Son enfance dans des familles d’accueil prend beaucoup de place, comme son dégoût des réseaux sociaux et l’impression d’être incomprise (un sentiment qu’elle équilibre avec un ego démesuré). Des thèmes qu’elle a déjà abordés, mais qu’elle approfondit, qu’elle peaufine. Aucune redondance n’est à l’horizon, pour le moment.

« I don’t sing well, but, fuck, I’m a genius
I turn my heartbreak to poetry when it shatter in pieces
Don’t fall in love with a poet, they really are leeches »

The Conclusion

Polyvalente, Nokia glisse avec désinvolture sur les trames instrumentales, en adaptant son flow ou l’intonation de sa voix au propos de ses chansons. Quelques pièces plus acoustiques, Sunday Best et Blessings notamment, sont construites avec le strict minimum synthétique. Sa personnalité vocale, sa poésie franche, sa rythmique agile se marient avec facilité au jazz ou au blues.

Everything is Beautiful conclut cet opus double. Est-ce donc un Happy End ? Loin de là, et c’est tant mieux. Le bonheur est atteignable par moment, mais le nombre de manières de le perdre est inimaginable, surtout que la source du retour abrupte à la réalité, c’est probablement soi-même. À la fois très introspectif et parfait pour faire la fête en bonne compagnie dans l’herbe, cette offrande de Princess Nokia à une saveur douce-amère intoxicante.

« No ego, no ego, no ego
No people, no people, no people
Let me go, let me go, let me go
And I am free, and I am free »

I Am Free

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