Critiques

Pixies

Doggerel

  • BMG
  • 2022
  • 42 minutes
6,5

Oui, votre scribe entretient désormais une relation ambivalente avec la formation menée par Charles Thompson, alias Black Francis. En fait, il aurait souhaité que les Pixies s’en tiennent à leurs quatre sublimes longs formats parus entre 1988 et 1992, Surfer Rosa, Doolittle, Bossanova et Trompe Le Monde

Or, dix ans après un retour sur scène baptisé pour l’occasion The Sell Out Tour (2004) — ç’a avait le mérite d’être honnête — le quatuor a eu l’idée d’écrire et de composer de nouvelles chansons. Résultat des courses ? La sortie de l’insipide Indie Cindy (2014). Ensuite, la formation a enchaîné avec les plus ou moins convaincants Head Carrier (2016) et Beneath the Eyrie (2019); des albums qui ont signifié le départ de l’emblématique bassiste Kim Deal remplacée depuis par Paz Lenchantin.

Les Pixies sont donc de retour avec un 8e album en carrière : Doggerel. Dans le communiqué de presse remis par la maison de disques, Black Francis nous dévoilait la « nouvelle » direction musicale de la formation : « We’re trying to do things that are very big and orchestrated ».

Les chansons de ce nouvel album sont effectivement mieux réalisées, mais pour ce qui est des orchestrations, disons que la prise de risque demeure la même; c’est-à-dire inexistante. Doggerel recèle quand même tout le potentiel que le groupe possède encore — à notre grande surprise — mais quelque chose d’impalpable empêche les Pixies de s’éclater pour vrai. Est-ce l’embourgeoisement habituel qui distingue la vaste majorité des rockeurs cinquantenaires ? Est-ce le contrôle serré exercé par Black Francis sur le département « songwrting » de la formation ? Est-ce relié à ce trop grand désir de bien sonner ? Beaucoup de ces questions demeurent sans réponse.

Black Francis n’a jamais été reconnu pour être un parolier transcendant, lui qui a toujours préféré se camoufler derrière des thèmes « distants » comme les fantômes, le mysticisme et les ovnis. Malgré tout, dès l’excellente entrée en matière titrée Nomatterday, le leader des Pixies y va d’une tirade remplie de cette ironie qui le définit si bien : « Don’t waste your time on me ».

Encore une fois, sans être un disque qui atteint les standards des quatre albums mentionnés précédemment dans le paragraphe d’introduction, cette mouture apaisée et désinfectée des Pixies est quand même la plus intéressante depuis leur retour sur disque.

Des pièces comme You’re Such a Seducee, Nomatterday, Dregs of the Wine (co-écrite avec le guitariste Joey Santiago), Get Stimulated, The Lord Has Come Back Today et Threre’s A Moon On seront appréciés à leur juste valeur par les purs et durs de la formation. En contrepartie, quand les Pixies s’aventurent en territoire pop-rock, l’ennui refait surface. On se serait bien passé de morceaux comme Haunted House, Thunder and Lightning, Pagan Man et la conclusive chanson-titre qui se collent un peu trop au travail solo de Black Francis.

Même si, par moments, Doggerel nous laisse entrevoir de nouvelles possibilités créatives, ce n’est pas encore assez pour nous donner l’envie de plonger plus en profondeur dans les plus récents albums des Pixies.

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