Critiques

Phil H. Anselmo & The Illegals

Choosing Mental Illness as a Virtue

  • Season of Mist
  • 2018
  • 46 minutes
6

Disons qu’on ne peut pas dire que le bon Phil s’est tenu tranquille depuis deux ans. Musicalement, il a ressuscité Superjoint de manière convaincante, formé le tapageur projet death Scour et il revient avec un nouveau disque, adjoint de ses mercenaires, les Illegals.

Et entre vous et moi, c’est pas mal mieux quand Phil se tient occupé, parce que le 2 février 2016, il a bien failli saboter ce qui lui restait de carrière en époumonant un puissant «white power» à la foule rassemblée au Dimebash, célébrant l’héritage musical de Pantera et de feu le guitariste, Dimebag Darrell. Le bon Phil avait gratifié les spectateurs d’un salut nazi pour ajouter une couche au malaise.

Après des mois de silence et de sobriété (dit-on), Anselmo a finalement accordé une longue entrevue à Decibel, expliquant que son geste était en fait une bourde lancée à ses camarades de scène avec qui il avait dégusté une couple de bouteilles de Chardonnay ce soir-là. Ah bin, oui buddé. Logique : «vin blanc power».

J’ouvre d’ailleurs ma cinquième bouteille de Chablis en amorçant ce paragraphe.

Donc, sur Choosing Mental Illness as a Virtue, Phil reprend le collier de son seul projet pour lequel il est le principal créateur, cinq ans après Walk Through Exits Only, disque pour lequel il était venu nous voir au Heavy Montréal la même année.

Encore ici, Phil est en colère. Le contraire serait étonnant, remarquez. Et pas de la colère du genre « shit, je n’ai plus de pinot grigio au frais , de la grosse colère de fâché nouère. Phil crache son fiel sur tout ce qui l’entoure, appuyé par les rythmes sauvages de ses Illegals, pourvoyeurs d’une grosse sauce brune marécageuse.

Et pour vrai, il n’y a pas vraiment grand-chose d’autre à dire ici. Techniquement, c’est impeccable, musicalement, c’est bordélique à souhait, méchant comme on s’y attend. Et c’est principalement le défaut de Choosing Mental Illness as a Virtue : il livre exactement ce à quoi on s’attend de Phil et ses comparses.

Dommage, car Anselmo est un gars bouillant de créativité. Ses deux derniers exercices sur disque l’ont prouvé. Surtout Scour. Quelle décharge. Quelle puissance.

Avec les Illegals, les chansons se suivent sans qu’on s’ennuie, mais sans non plus qu’on puisse en déceler de vrais moments de satisfaction, tsé comme dans les moments où t’as besoin de tasser un écouteur d’une de tes oreilles pour t’entendre reprendre ton souffle en expirant un mot d’église…

Sur Choosing Mental Illness as a Virtue, il n’y a guère de ces moments où l’on peut reprendre notre souffle. Ça va vite, ça change de tempo plus rapidement qu’il n’en faut pour dire Gewurztraminer et surtout, on a cette impression d’être pris dans un ouragan qui nous balance les bouteilles restantes de notre cellier en pleine poire (William).

Le bon Phil est toujours en voix cela dit et ses Illegals sont des capables sur un moyen temps à leurs instruments respectifs. Voilà un disque qui, sans décevoir dans l’ensemble, manque quand même de diversité. Des pièces comme Delinquent, cela dit, feront toutefois le bonheur des fans en concert. Tous seront, j’en suis sûr, plus que ravis d’y déguster un Sauvignon blanc devant cet orchestre chevronné.

Mais pour la maison, on sort un Bourgogne Aligoté et on réécoute Vulgar Display Of Power.

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