Critiques

No Age

People Helping People

  • Drag City
  • 2022
  • 35 minutes
6,5

No Age est un duo formé du guitariste Randy Randall et du bassiste-batteur-chanteur Dean Spunt. La paire noise-punk nous a offert quelques albums de qualité tout au long de sa carrière. Au cours de ses 17 années d’existence, même si le groupe nous proposait des « variations sur le même thème », il réussissait quand même à tirer son épingle du jeu grâce à de solides chansons dont les meilleures ont été révélées sur les albums An Object (2013) et Snares Like A Haircut (2018).

En 2020, avec la sortie de Goons Be Gone, Randall et Spunt ont incorporé certains éléments sonores plus ambiants et rêveurs à leurs propositions d’ordinaire assez bruyantes… et ce nouvel album intitulé People Helping People accentue l’orientation éthérée de son prédécesseur, tout en conservant l’ADN punk qui a toujours défini la formation.

Écrit et composé dans le studio maison du tandem tout juste avant la fermeture des activités planétaires, pour les raisons que l’on connaît, ce long format tout neuf a été achevé dans le garage de Randy Randall, surnommé pour l’occasion le Randy Randy’s Garage. Un album lo-fi et totalement DIY.

People Helping People démarre avec une improvisation abstraite qui met de l’avant une multitude de sonorités déformées, You’re Cooked. Cette pièce indique clairement à l’auditeur dans quelle sorte de périple sonore il s’embarque. Ceux et celles qui percevaient No Age comme une entité exclusivement noise-punk pourraient se raviser tant ce qui est proposé sur ce nouvel opus se démarque significativement de tout ce qu’ils ont créé jusqu’à ce jour.

Il y a bien sûr des chansons comme Violence — morceau qui remémore quelque peu le Waiting For My Man du Velvet Underground — ou encore la grinçante Plastic (You Want It) qui peuvent se classer dans « le No Age pur jus », mais plusieurs autres pièces détonnent. Compact Flashes contient des relents du Liars de l’album WIXIW, mais en nettement moins précis et rigoureux. Le premier extrait de ce nouveau long format, Andy Helping People, est rempli de guitares et de claviers saturés à la My Bloody Valentine. Trapped Out By Scott remémore les diatribes traînantes de Lou Reed, mais en mode contemplatif.

Comme mentionné précédemment, les ambiances brumeuses, expérimentales et introspectives sont légion (Blueberry Barefoot, Interdependence, Heavenly). Ce qui a empêché l’auteur de ces lignes d’être pleinement conquis par cette production, c’est cette réalisation hautement lo-fi qui a nui à notre désir de se laisser bercer par ces climats sonores vaseux.

Fait de bric et de broc, People Helping People est inspiré fortement par l’impact que la pandémie de COVID-19 a eu sur le duo. Spunt et Randall sont certes entrés profondément en eux afin de dénicher une nouvelle avenue sonore à explorer, mais l’admirable introspection des deux musiciens ne se traduit pas concrètement jusqu’à nos oreilles tant la réalisation bâclée et minimaliste sert approximativement cette démarche.

Loin d’être un mauvais disque, People Helping People aurait mérité une plus grande attention aux détails de la part de ses géniteurs. Cela dit, les admirateurs de la première heure y trouveront assurément leur compte. Pour ce qui est des autres qui décèlent depuis longtemps le potentiel inexploité de No Age, ce n’est pas ce 6e disque en carrière qui saura les convaincre que le duo est passé à la proverbiale maturité.

Comme le vieux prof de français de l’école secondaire fréquenté par votre humble scribe nous mentionnait lorsqu’il révisait un de nos textes un peu paresseux : « Peut faire beaucoup mieux ».

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