Critiques

Nilüfer Yanya

Painless

  • ATO Records
  • 2022
  • 46 minutes
7,5

En 2019, cette artiste londonienne avait attiré l’attention d’un bon nombre de mélomanes avec la parution de son premier album. Un disque assez festif qui englobait des éléments jazzistiques, électroniques et synthétiques, mais qui endossait aussi une certaine inclinaison vers le rock. Découverte à l’âge de 20 ans grâce à la plateforme Soundcloud, elle avait auparavant produit trois EP avant de révéler ce Miss Universe. Nilüfer Yanya propose une indie-pop assez tortueuse, mais qui est pourvue d’une indéniable authenticité. Elle peut se comparer à des artistes comme Mitski et même Sharon Van Etten lorsque celle-ci se campe dans un univers électro-pop.

Dès la fin de la tournée Miss Universe, elle s’est immédiatement plongée dans la création de son deuxième effort. Empruntant le studio d’enregistrement appartenant à son oncle, et situé dans le sous-sol d’un édifice ouest-londonien, Nilüfer Yanya s’est engouffrée avec ses proches collaborateurs, le réalisateur et multi-instrumentiste Wilma Archer et l’artiste technopop Jazzi Bobbi, entre autres.

Elle nous offre Painless. Même si en entrevue Yanya a cité Nirvana, Radiohead et Elliott Smith parmi les influences qui ont nourri son inspiration durant l’élaboration de cette création, ces ascendants sont habilement camouflés dans le « songwriting » assez audacieux de l’artiste. Il y a bien Midnight Sun et Trouble qui ont des liens de filiation assez forts avec la bande à Thom Yorke, mais ce n’est pas assez criant pour qualifier ces chansons d’emprunts.

Si l’intention était de présenter un disque conséquent et plus ramassé, Painless atteint sans aucun doute son objectif. En plus de conserver les singularités sonores de Miss Universe, Yanya réussit à nous garder captifs en simplifiant ses chansons. Toutes ces pièces coulent de source, sans qu’on ressente l’effort compositionnel; le signe d’un grand talent. En plus de réduire les esbroufes stylistiques qui pouvaient agacer, elle répartit avec intelligence toutes ces guitares déformées et ces rythmes parfois empruntés au hip-hop. Mais ce qui accentue grandement le plaisir d’écoute, c’est l’approche mélodique changeant de Yanya qui passe avec facilité du chant impassible au fausset, souvent au sein de la même chanson.

Évidemment, on a affaire ici à une jeune artiste qui exprime une sensibilité en parfaite adéquation avec son âge et son époque. Dans Shameless, elle s’affirme devant le ressentiment qu’un ex-partenaire amoureux exprime à son endroit. Elle poursuit dans la même veine sur Stabilise :

« You can hate me

If you feel like

Until it all shameless

Until you fall it’s painless »

– Shameless

« There’s nothing out there

For you and me

I’m going nowhere »

– Stabilise

Certains d’entre vous pourraient faire la moue en portant attention à l’émotivité un peu puérile manifestée par l’artiste. Or, ce serait passer à côté d’un talent compositionnel largement au-dessus de la moyenne. Nilüfer Yanya réconcilie quelque peu l’auteur de ces lignes avec l’indie-pop… et ce n’est pas qu’un mince exploit !

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