
Nadah El Shazly
Laini Tani
- Backward Music
- 2025
- 40 minutes
Pendant la pandémie, Nadah El Shazly a fait de Montréal son nid et depuis l’autrice-compositrice-interprète semble avoir une erre d’aller irrésistible. Sa bande-son pour le film Les damnés ne pleurent pas a été récompensée au Festival international de films indépendants de Bordeaux et Festival de film international de Dublin. Puis, elle a fait paraître en 2024, Pollution Opera, une collaboration noise expérimentale avec Elvin Brandhi.
Elle revient avec Laini Tani, un album qui tire des leçons de ses expérimentations plus aventureuses, mais qui revient vers une forme plus facilement digeste de musique. C’est dansant, groovy, mélodieux et tout à fait convaincant. El Shazly mélange ici les sonorités de musique arabe et moyen-orientale avec de la musique électronique européenne et américaine. Le résultat est des compositions particulièrement intéressantes qui naviguent dans des eaux peu communes.
Nadah El Shazly joue dans la musique électronique, mais elle est davantage du côté pop et atmosphérique du spectre. La pièce Kaabi Aali démontre sa capacité à naviguer entre ces deux environnements allègrement. Le point liant est l’air chanté convaincant d’El Shazly. Il y a un petit quelque chose de presque mystique et de sensuel dans sa manière d’aborder le chant. On le ressent sur Banit, un simple qui date de 2023 et qui se retrouve sur l’album.
Du côté plus expérimental, il y a quand même des aventures que Nadah El Shazly se réserve comme sur Enti Fi Neama qui sonne comme un orgue qui aurait été passé à travers des filtres au point de devenir un grondement électronique bien intéressant. Par contre, c’est la seule fois qu’elle va aussi loin pour une pièce au complet. Il y a bien l’introduction de Ghorzestein, mais on revient à quelque chose de plus mélodieux assez rapidement.
Nadah El Shazly est aussi convaincante quand elle se lance dans une pièce avec moins de couches musicales, comme c’est le le cas sur la chanson-titre qui mise beaucoup sur sa voix. Le côté théâtral et exalté de son chant ressort encore davantage. Parmi les autres bons moments de Laini Tani, on retrouve la dansante Dafaa Robaai, Elnadaha qui ouvre l’album en force et la sombre Eid.
C’est un deuxième album solo fort réussi pour Nadah El Shazly qui propose un métissage atypique qui crée une couleur musicale novatrice.