Critiques

Nada Surf

Never Not Together

  • Barsuk records
  • 2020
  • 42 minutes
7,5

Depuis une dizaine d’années, plusieurs mélomanes et critiques en sont venus à la conclusion que le rock était mort. Et pourtant… Il n’y a jamais eu autant de productions rock de tous genres. S’agit de s’intéresser à des canaux de diffusion plus pointus, Bandcamp, pour ne nommer que celui-là. Cela dit, le rock est bel et bien expiré commercialement parlant, mais il demeure vivant grâce à une panoplie de musiciens, toutes générations confondues, qui continuent de s’y adonner avec beaucoup de pertinence et d’enthousiasme.

Ce qui m’amène à vous parler du nouvel album du groupe new-yorkais Nada Surf. 27 ans de carrière pour une formation qui ne devait être qu’un « one hit wonder ». Qui ne souvient pas de Popular, gros succès de l’année 1996 ? À l’époque, on ne donnait pas cher de la peau de Matthew Caws, Daniel Lorca et Ira Elliot. Et pourtant…

Au fil des ans, Nada Surf est devenu une importante pointure de l’histoire de la power-pop aux côtés de Big Star, Redd Kross et Teenage Fanclub. Les deux dernières créations de la formation, The Stars Are Indifferent to Astrnomy (2012) et You Know Who You Are (2016), ont encore obtenu l’approbation des critiques, sans que ce soit des disques d’exception.

Le désormais quatuor – Doug Gillard s’est joint à la formation en 2012 – nous présente son 9e album studio en carrière : Never Not Together. Enregistré aux Studios Rockfield situés dans les pays de Galles, Nada Surf s’est inspiré d’artistes rock qui ont enregistré de grands albums dans ces lieux mythiques. On pense ici à Oasis et à son (What’s the Story) Morning Glory ?.

Eh bien, Nada Surf catapulte son meilleur album depuis Lucky, paru en 2008. La formation a toujours été reconnue pour être très près de ses fans, ne négligeant jamais de les rencontrer afin de discuter sincèrement avec eux après les concerts. Un groupe qui fait preuve d’une empathie incontestable. C’est cette même empathie qui sert de carburant aux textes de ce nouvel album. L’extrait Something I Should Do est sans équivoque :

« Empathy is good, lack of empathy is bad

Holy math says we’re never not together »

Something I Should Do

Mémorables et mélodiquement imbattables, interprétées avec une réelle sensibilité, les neuf pièces de ce Never Not Together sont parfaitement intemporelles malgré leurs factures conventionnelles. La réalisation est béton accentuant l’explosivité naturelle de ces petits bijoux de power-pop.

On frissonne à l’écoute de la conclusion héroïque dans Come Get Me, du grand Nada Surf ! Le chœur fantomatique, les cordes frémissantes et les deux solos de guitare dans Looking for You sont une véritable leçon de pop-rock. Live Learn and Forget nous rappelle en partie le Foo Fighters fougueux des débuts.

Un seul petit bémol : Just Wait; une chanson pop destinée aux radios commerciales, mais qui n’a pas beaucoup d’éclat.

Pour créer un album rock rassembleur et émouvant, il faut un groupe totalement investi dans sa création et après autant d’années à son compteur, Nada Surf n’a pas étouffé la flamme qui l’anime. Never Not Together est un disque inspiré et inspirant.

Le rock est mort ? Vive le rock !

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