Critiques

Mononc' Serge

Réchauffé

  • Les productions Serge
  • 2019
  • 47 minutes
8
Le meilleur de lca

Tel un Phil Anselmo, sans les convictions douteuses, ou un Matt Pike, mais en t-shirt, Serge Robert, notre mononc’ national, ne s’assagit pas en vieillissant. Bien au contraire. Le voilà qui débarque avec un nouvel album studio, son 13e en carrière. Bon, ce n’est pas VRAIMENT un nouvel album, mais on ne peut pas dire que son titre soit malhonnête. L’ex-bassiste des Colocs (qui doit détester solidement de se faire désigner ainsi) nous propose certains de ses plus grands succès punkifiés pour le kick avec l’aide de l’inimitable Peter Paul qui accompagne l’oncle à la guitare depuis un bon moment déjà.

Mon histoire d’amour avec Mononc’ Serge remonte au siècle dernier, alors qu’il commençait à arpenter les débits de boisson régionaux et que je venais juste d’avoir l’âge de me patenter des fausses cartes pour aller vider deux trois pintes au bar avec des chums tout aussi illégaux à Alma. C’est donc dans l’ancienne version du Café du clocher que j’ai assisté pour la première fois à un spectacle du personnage, que j’avais également vu avec les Colocs, même si ces derniers me tapaient sur les nerfs ben raide, en raison de leur temps d’antenne à la radio étudiante qui battait à l’époque tous les Coldplay et Lumineers de ce monde. D’ailleurs, c’est la chanson des Colocs, Casserole, qui ouvre le plus récent gravé de notre homme. Grâce à quelques ajustements de paroles aussi judicieux que scabreux, la chanson retrouve enfin son droit de faire partie du glorieux répertoire de Mononc’ Serge et donne le ton pour la suite.

C’est Tout le monde se crisse de Mononc Serge et J’sens l’punk qui prennent le relais et me rappellent ce fameux trajet d’autobus passé à écouter Musique Barbare dans mes écouteurs pour la première fois et rire aux larmes pendant que tout le monde trouve que j’ai l’air complètement ortho. Malgré qu’elles se soient affranchies d’Anonymus, les pièces conservent leur punch et leur mordant.

On retourne ensuite en l’an 2000, à l’époque où Serge cassait des ventilateurs drapés de la feuille d’érable canadienne sur scène en criant: «D’la marde, c’est de la marde!!!». C’est la version punk de Les picks qui est le titre le plus vintage du catalogue de Mononc’ passé au micro-ondes. Presque 20 ans plus tard, c’est encore vrai que les picks retournent chez Steve’s la nuit, et ce, même si le magasin a déménagé.

Je ne vais pas passer l’après-midi à vous raconter toutes mes anecdotes sur ma relation avec le principal intéressé au fil des années, et ce, même si j’ai déjà eu l’air d’un personnage de sa toune Je chante pour les morons en le croisant au Café Chaos, il y a presque 20 ans… Ce qu’il faut retenir, c’est que dans son ensemble, le disque est un bon trip dans nos souvenirs de la présence unique et essentielle de Mononc’ Serge et son humour trash dans le paysage trop propre du showbiz québécois. Les curieux vont y trouver leur compte et les fans hardcore vont avoir un peu de neuf à se mettre sous la dent grâce aux nouvelles chansons Colonel Sanders, chanson militante pro-végane, et Rentrez don’ chez vous, un hommage senti aux fatigants qui s’époumonent à demander des rappels.

Bref, c’est pas vrai que tout le monde s’en crisse de Mononc’ Serge. Je suis pas mal sûr que plein de punks (qui puent ou non) vont adorer Réchauffé.

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