Critiques

Milk & Bone

Deception Bay

  • Bonsound
  • 2018
  • 48 minutes
8
Le meilleur de lca

Trois ans après la parution de l’excellent Little Mourning, le duo électro-pop montréalais Milk & Bone (Camille Poliquin et Laurence Lafond-Beaulne) rapplique avec un second album titré Deception Bay. Une galette atmosphérique, mélancolique où les arrangements électroniques sont pertinents et très efficaces. Une suite logique à Little Mourning, à mon humble avis.

Deception Bay? On la retrouve dans le nord du Québec, au Nunavik dans la baie d’Ungava sous le nom de Baie Déception. Justement, cette notion est centrale dans le nouveau disque de Milk & Bone. C’est cette idée de déception amoureuse…de relations insatisfaisantes, mais surtout de déception humaine. Le disque s’ouvre sur Set in Stone. La pièce se déroule au rythme des synthétiseurs doux qui épousent (encore et toujours) ces voix cristallines de Poliquin et de Lafond-Beaulne. Chanson travaillée, ça s’entend, mais qui est surtout pleine d’espoir. Un peu plus loin, on retrouve Daydream, premier extrait paru un peu plus tôt cette année. Les couches de synthétiseurs sont plus pop, plus accessibles. Les harmonies vocales des filles sont enivrantes et, à mon avis, c’est impossible de ne pas hocher la tête à l’écoute des paroles. Portant sur une passion amoureuse estivale, le titre est planant et addictif.  Quant à KIDS, elle est pleine de chaleur. Portant sur le souvenir d’un premier amour, elle est accompagnée par ces filons électroniques tropicaux qui pulsent chaque mot chanté par le duo. Puis, voilà Nevermore, celle-ci est dansante et bien introspective. Ensuite, le duo étonne avec Tmrw., piste où le musicien Chilly Gonzales accompagne, au piano, les deux femmes. Écrite au lendemain des attentats de Paris, cette ballade épurée est si belle, qu’elle est à pleurer. En plus, les voix de Milk & Bone se marient parfaitement aux mesures solennelles jouées par Gonzales. Puis, sur THE FLOOD, la formation démontre beaucoup de talent en maniant les synthétiseurs et boîtes à rythmes avec beaucoup de cohérence. Notons que sur :’) (en hommage au célèbre émoji), les filles se sont entourées de collaborateurs de prédilection CRi, Max-Antoine Gendron, Gabriel Gagnon et Jonathan Dauphinais. On sent ce désir de conclure ce disque sur une note rassembleuse et unificatrice. Magnifique.

Deception Bay regroupe des mélodies tristes. Ceci dit, si on ramène ce disque à ce fameux cours d’eau dans le Grand Nord, elles sont tout de même contrastées par un côté céleste, auréolé et étoilé… qui illustre l’importance de garder espoir, malgré ce sentiment de négativité ambiant. Je dirais même que les chansons de ce deuxième projet de Milk & Bone nous diront finalement que… tout ira bien.