Critiques

Metz

Atlas Vending

  • Sub Pop Records
  • 2020
  • 40 minutes
8
Le meilleur de lca

Depuis 2012, Alex Edkins, Hayden Menzies et Chris Slorach s’évertuent à nous dessuinter les oreilles avec une sorte de noise-punk tribale jouée sans aucun compromis. Même si Strange Peace (2017) proposait des mélodies vocales qui retenaient un peu plus l’attention, METZ n’a jamais versé dans la compromission. L’année dernière, le groupe nous présentait plusieurs curiosités sonores (chansons rejetées, faces B, etc.) sous l’appellation Automat, comme si le trio souhaitait faire le bilan de sa première phase créative.

Coréalisé avec Ben Greenberg (Uniform) et mixé par Seth Manchester (Daughters, Lingua Ignota), METZ nous offre leur quatrième album en carrière : Atlas Vending. Dans le communiqué de presse partagé par la maison de disques, le chanteur-guitariste Alex Edkins exprime l’état d’esprit qui a animé la formation lors de la gestation de cette nouvelle production : « Notre objectif est de rester en mutation, de grandir de manière mature et progressive. Nous avons toujours veillé à ne pas trop réfléchir ou à intellectualiser la musique que nous aimons, mais aussi à ne pas être satisfaits tant que nous n’avons pas accompli quelque chose qui nous fait avancer ».

De disque en disque, METZ a su conserver une constance créative (mélodies tordues, rythmes tribaux, noise-punk suintant, etc.) tout en incorporant à sa musique juste assez de changements pour éviter la stagnation. Cette fois-ci, le groupe greffe des ascendants post-punk à son habituelle recette, ceux-ci combinés à un quelque chose d’indéfinissable qui pige dans la force de frappe mélodique de Trail of Dead.

Des pièces comme Hail Taxi, Sugar Pill, The Mirror et Framed By The Comet’s Tail sont toutes bâties sur le même modus operandi : introductions post-punk suivies de dissonances qui laissent entrevoir de superbes refrains unificateurs. L’introductive Pulse contient un peu de la puissance prodiguée par la formation britannique IDLES. Et cette formule atteint un haut niveau de pertinence et, disons-le, d’émotivité, dans la conclusive A Boat To Drown In; une épopée noise-rock, d’une durée d’environ huit minutes, qui évoque une subtile mixture de Sonic Youth et de… Trail of Dead !!!

Les thèmes abordés sur Atlas Vending ne sont pas étrangers à ce perfectionnement sonore. L’anxiété sociale oppressante, la dépendance affective, l’isolement, la paranoïa induite par les médias de masse et l’envie de tout « crisser là » sont des sujets qui ont forcé METZ à revoir modérément leur approche. Mais soyez sans crainte, admirateurs de la première heure, le trio n’a pas perdu une seule once de sa rage coutumière. De manière impartiale, Atlas Vending est probablement l’album le plus abouti de leur discographie.

Même si on a entretenu quelques doutes au sujet de la capacité du groupe à se réinventer et à durer, force est d’admettre que METZ est vivant, plus que jamais, et est encore en mesure de nous en mettre plein les oreilles.

Sans qu’on assiste à une transformation concrète pour la formation torontoise, Atlas Vending se prendra très bien avec quelques bières fraîches, le son dans le tapis, en compagnie de quelques tripeux (un jour!)… avec l’envie d’y revenir assez souvent.

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